Le vrai ou faux junior : réseaux sociaux, jeux vidéo... Quel est l'impact des écrans sur la santé des jeunes ?

Alors que le gouvernement souhaite redéfinir un cadre pour l'usage des écrans par les enfants, le vrai ou faux junior fait le point sur les études consacrées à ce sujet.
Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
En 2022, le support préféré des 15-24 ans était Youtube, selon une étude du cabinet Vertigo Research. (CAROL YEPES / MOMENT RF)

La ministre de la Santé Catherine Vautrin a promis, jeudi 1er février, de nouvelles "recommandations de régulation" pour l'usage des écrans par les jeunes. Ce cadre sera défini par un groupe d'experts rattaché à l'Élysée et dont les conclusions sont attendues "au mois d'avril". Emmanuel Macron avait déjà dit mi-janvier que des "interdictions" et des "restrictions" n'étaient pas à exclure.

Faut-il vraiment s'inquiéter de la place prise par les écrans dans la vie des enfants et des adolescents ? Séverine Erhel, enseignante-chercheuse en psychologie cognitive, répond aux questions des élèves du collège André Derain, dans les Yvelines, du collège de L'Eyrieux, en Ardèche, et du collège Jean Perrin, dans les Hauts-de-Seine.

Les 15-24 ans regardent surtout les réseaux sociaux

"Est-ce vrai que 60% du temps d'écran de la population est réservé à la télévision ?", se demande Ilyan. Selon une étude du cabinet Vertigo Research pour Le Figaro, publiée en avril 2022, les Français passent 60% de leur temps libre sur des écrans, tous supports confondus (télévision mais aussi réseaux sociaux, jeux vidéo ou encore plateformes musicales). 

Chiara, elle, voudrait savoir si le temps d'écran des adolescents est principalement réservé aux réseaux sociaux. Oui, si l'on en croit cette même enquête - à laquelle 14 000 personnes de plus de 11 ans ont participé. Le support préféré des 15-24 ans, en 2022, c'était Youtube, suivi par Instagram, Snapchat, Tik Tok puis la Playstation. À titre de comparaison, chez les 35-49 ans, le média numéro 1 c'est Facebook, suivi par Netflix et TF1. Et chez les plus de 60 ans, c'est France 2 qui est en tête.

Les jeux vidéo peuvent améliorer "les capacités cognitives"

Clémence se demande si le fait de jouer aux jeux vidéos peut améliorer les capacités visuelles des enfants. "Aujourd'hui on a une bonne petite quantité d'études sur la question du lien entre pratique du jeu vidéo et les compétences perceptives cognitives des individus, répond Séverine Erhel, enseignante-chercheuse en psychologie cognitive. Et ce que l'on va observer, c'est qu'effectivement, le fait de jouer aux jeux vidéo s'accompagne d'une amélioration de la perception, une capacité à voir les couleurs, les contrastes. Et aussi une amélioration de ce qu'on appelle la cognition spatiale, ça va être la capacité à faire, par exemple, des rotations mentales quand on va jouer à un jeu vidéo".

Des capacités que les enfants vont ensuite pouvoir utiliser dans la vie.

Un bénéfice pour "la régulation des émotions" 

"Est-ce que les écrans rendent agressifs et altèrent notre comportement ?", se demande Karol. Cela dépend du contenu et du temps passé devant un téléphone ou un ordinateur, explique Séverine Erhel. En dessous de deux heures par jour, les écrans peuvent avoir "un bénéfice sur la régulation des émotions et sur les capacités sociales des individus". Mais, au-delà de deux heures, précise-t-elle,"on voit une influence négative entre le temps d'écran et les compétences émotionnelles ou les compétences sociales".

Les écrans réduisent la qualité du sommeil

À l'inverse, les écrans peuvent-ils nuire à notre intelligence, notre concentration ou notre mémoire, se demande Maryam. Une étude canadienne baptisée Madigan et publiée en 2020, donne des éléments de réponse.  Les chercheurs on observé le comportement de 2 400 enfants de 2, 3 ou 5 ans. Et leurs conclusions, explique Séverine Erhel, c'est que le fait de placer des enfants devant un écran a bien un impact négatif sur leur "développement cognitif", mais cet impact est "faible". "Le développement des enfants est plutôt davantage lié à des variables environnementales et familiales", nuance la chercheuse.

Ce qui est plus évident, précise Séverine Erhel, c'est l'influence négative des écrans sur notre sommeil. Selon elle, il existe un consensus scientifique "pour dire que l'usage des écrans le soir va conduire à des décalages des cycles du sommeil". Plusieurs études "montrent que quand on commence à regarder les écrans le soir, l'endormissement intervient plus tard. Et la qualité du sommeil aussi va être moins bonne."

Un lien entre écrans et surpoids

Séverine Erhel nous conseille d'ailleurs de "lâcher l'écran", au moins une heure avant d'aller se coucher "pour laisser le processus d'endormissement se faire normalement". Une recommandation que l'on retrouve aussi sur le site du ministère de la Santé. Mieux vaut également éviter de regarder un écran pendant les repas. Plusieurs études ont démontré que le fait de regarder la télé ou son téléphone pendant un repas pousse à manger plus. Les images altèrent en effet le sentiment de satiété.

Et ces conseils ne concernent pas que les enfants et les ados... Les adultes aussi ont tout intérêt à les suivre.

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