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Un petit espoir de cessez-le-feu après un an de guerre en Éthiopie

Dans ce pays d'Afrique de l'Est ravagé par les affrontements depuis novembre 2020, une petite lueur d’espoir s'allume : un possible arrêt des hostilités entre les rebelles et l’armée gouvernementale.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des soldats éthiopiens sont en route vers Lalibela, au nord du pays, une ville reprise aux rebelles du Tigré par l'armée gouvernementale en décembre. (SOLAN KOLLI / AFP)

L’espoir est encore mince, mais il est là. Le 21 décembre, le chef des rebelles du Tigré, dans le Nord du pays, a écrit au secrétaire général de l’ONU pour proposer un arrêt immédiat des combats. C’est un premier geste, après un an d’affrontements dans ce pays de 110 millions d’habitants, deux fois plus grand que la France. L’Ethiopie est le géant économique de l’Afrique de l’Est.

Debretsion Gebremichael, le leader des rebelles, affirme que ses soldats se sont repliés des provinces conquises ces derniers mois, afin de favoriser un cessez-le-feu. Et il demande à l’ONU de reprendre la main, et de convaincre le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix en 2019, d’accepter cet arrêt des combats.

Les tentatives de médiation ont été nombreuses ces derniers mois : les Etats-Unis, l’ONU, l’Union Africaine et le grand voisin de l’Ethiopie, le Kenya, tous s’y sont essayé et s’y sont cassé les dents. Le pessimisme était devenu de rigueur, à tel point que ces dernières semaines, les pays occidentaux ont évacué la plupart de leurs ressortissants du pays. En cette toute fin d’année, cette main tendue sans précédent du chef des rebelles permet donc d'espérer, à nouveau.

10 millions de personnes en insécurité alimentaire

Il y a urgence, parce que la situation humanitaire est catastrophique : les rares informations parvenant du terrain sont très inquiétantes. Elle sont rares, parce que la presse et les ONG sont quasiment interdites d’accès dans les zones de combat. Rien que dans cette région du Tigré, au nord du pays, au moins 400 000 personnes sont menacées de famine. 10 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, selon l’ONU. L’agriculture, ressource majeure du pays, est sinistrée.

Le conflit a fait des milliers de morts, et a provoqué le déplacement de plus de 2 millions d’Ethiopiens. Des centaines de milliers d’entre eux se sont réfugiés au Soudan voisin. Le fait est que seul un cessez-le-feu pourrait permettre d’acheminer sur place l’indispensable aide humanitaire d’urgence.  

Le cours de la guerre inversé par les drones

Mais le pouvoir éthiopien ne va pas nécessairement accepter cet arrêt des hostilités, parce que ses troupes progressent sur le terrain. Il y a encore un mois, les forces gouvernementales étaient sur le reculoir. A tel point que beaucoup prédisaient la chute rapide de la capitale, Addis Abeba. Les rebelles du Tigré, appuyés par les forces d’une autre ethnie, les Oromos, n’étaient plus qu’à 200 kilomètres de la ville.

Tout s’est inversé après l’acquisition de drones par le gouvernement d’Abiy Ahmed : des drones chinois et turcs de longue portée, et aussi iraniens, de plus courte portée. En quelques jours, début décembre, ils ont inversé le cours de la guerre, d’autant que les rebelles, eux, ne disposent pas de forces aériennes. Depuis une semaine, l’armée gouvernementale progresse rapidement. Elle a repris des villes clés, Lalibela, Kombolcha, Alamata, autant de carrefours stratégiques sur la route du Nord.

Le repli des forces du Tigré relève donc davantage d’une défaite militaire que d’une volonté de favoriser un cessez-le-feu, qui ressemble à un habillage. Le risque est qu'en face, le pouvoir cherche désormais à pousser son avantage, et refuse l’arrêt des hostilités.    

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