Rwanda, 30 ans après le génocide : qui est Paul Kagame, président aux multiples facettes ?

Depuis le génocide des Tutsis au Rwanda, le pays est gouverné par Paul Kagame. Connu pour avoir battu les génocidaires en 1994 et pour avoir remis sur pied une nation traumatisée, il a aussi une part d'ombre.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
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Le président rwandais Paul Kagame au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 17 février 2024. (AMANUEL SILESHI / AFP)

Il a fait du Rwanda aujourd’hui l’un des pays les plus stables, les plus développés du continent africain. Avec une croissance autour de 8-10%, pas de corruption, une destination touristique de premier choix, le Rwanda est un pays sûr, qui s’appuie sur l’armée la plus disciplinée du continent africain. Voilà l’œuvre de Paul Kagame, ancien président de l’Union africaine, un personnage fédérateur, et le visage d’une Afrique souveraine et ambitieuse.

Trente ans après le génocide au Rwanda, le pays rendra hommage, samedi 6 et dimanche 7 avril, aux centaines de milliers de Tutsis victimes des violences de leurs compatriotes Hutus. En 1994, Paul Kagame fut commandant dans le Front patriotique rwandais, le groupe armé rebelle qui remporta la guerre civile rwandaise et mit fin au génocide des Tutsis. Considéré comme "l'homme fort du Rwanda", il devint vice-président et ministre de la Défense en 1994, puis président en 2000.

Trois mandats consécutifs et une opposition muselée

En 2024, ce leader expérimenté se retrouve à la tête d’un pays jeune, avec une population de 19 ans de moyenne d’âge. Il a compris que c’est en misant sur cette jeunesse que le pays pourra continuer de guérir du traumatisme de 1994. Il faut vaincre aussi les 20% de chômage dont souffre le pays. Contrairement à ses voisins, le Rwanda ne dispose d’aucune richesse naturelle. Son président parie donc sur l’innovation, avec l’ouverture il y a deux ans du premier centre africain pour la quatrième révolution industrielle. Paul Kagame veut faire du Rwanda l’un des plus importants carrefours technologiques du continent.

Pourtant, ce président est aussi vu comme un autocrate. Au pouvoir depuis 24 ans, une vice-présidence suivie de trois mandats consécutifs, il a modifié la constitution en 2015, qui l’autorise à se présenter jusqu’en 2034. C'est un chef d’État qu’il est très difficile de contredire et il est accusé de museler ses opposants pour éviter les turbulences à l’intérieur du pays.

Quelle part dans le conflit du Nord-Kivu et ses six millions de morts ?

Il est aussi suspecté d’entretenir le chaos chez son voisin Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo. Il y a dix jours, celui-ci s'exprimait ainsi : "Les méthodes du Rwanda, ce sont des crimes contre l’humanité. Ils massacrent des populations entières gratuitement, ils sèment la terreur et poussent ces populations à quitter leur localité. Parce qu’ils ont pour but de piller les ressources minières d’une part, et d’autre part, d’y implanter de nouvelles populations."

Le conflit du Nord-Kivu, à la frontière entre le Rwanda et la RDC a fait six millions de morts et quatre millions de déplacés depuis 20 ans. Les États-Unis, la France, les Nations Unies ont successivement accusé Paul Kagame de soutenir le M23, le groupe armé majoritairement Tutsi responsable d’exactions quotidiennes contre les populations congolaises.

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