Document franceinfo Risque de guerre Rwanda-RDC : la médiation de l'Angola "est la voie de la dernière chance", estime le président congolais Félix Tshisekedi

Dans une interview accordée à Radio France, "Le Monde" et au "Wall Street Journal", le président congolais assure emprunter la "voie de la paix" alors que tous redoutent une guerre avec le Rwanda. Félix Tshisekedi assure toutefois qu'il s'agit d'une "dernière chance", car "les provocations de Kagamé sont nombreuses".
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Le président congolais Félix Tshisekedi, le 20 janvier 2024. (PRESIDENCY OF DRC / ANADOLU)

"C'est la voie de la dernière chance", annonce dans une interview accordée à Claude Guibal et Eric Audra, de Radio France, au Monde et au Wall Street Journal, le président congolais, Félix Tshisekedi, au sujet de la relance de la médiation entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, alors que progressent toujours dans le Nord-Kivu les rebelles du M23, soutenus par Kigali. Il assure "avoir l'espoir que cela aboutira à quelque chose", tout en accusant le président rwandais, Paul Kagamé, de "manipulation" et d'avoir de "mauvaises intentions".

Depuis que les insurgés ont repris les armes, en 2021, jamais les combats n’avaient été si proches de Goma, la capitale du Nord-Kivu, où des centaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge. Lors de la campagne présidentielle, avant sa réélection en décembre 2023, Félix Tshisekedi avait déclaré qu'à "la moindre escarmouche" il déclarerait la guerre au Rwanda qui soutient les rebelles. Depuis, "il y a eu une intense activité diplomatique, pour ne pas dire des pressions sur la RDC, pour qu'on n’enclenche pas la voie de la guerre en priorité." L'Union africaine a notamment désigné le président angolais Joao Lourenço pour mener une médiation entre les deux pays.

Nombreuses "provocations"

"Il y a une voie de la paix qui est tracée", explique Félix Tshisekedi, "je l'emprunte, non pas par faiblesse, mais avec l'espoir que cela aboutira à quelque chose. Et pour moi, c'est la voie de la dernière chance, parce que les provocations de Kagamé sont nombreuses. Sa manipulation et ses mauvaises intentions aujourd'hui ne font l'ombre d'aucun doute."

A l’est du Congo, la rébellion du M23 encercle Goma, la capitale du Nord-Kivu et ses deux millions d’habitants. Un conflit né il y a 30 ans, dans la foulée du génocide des tutsis du Rwanda, sur fond de rivalités ethniques et de pillage des ressources minières, dans cette région au sous-sol riche en minerais rares et stratégiques comme le coltan, essentiel à la composition des smartphones. 

"Cette agression, elle se fait pour des raisons économiques, pour piller les ressources de la République Démocratique du Congo. Et ça se fait au prix d'une épuration ethnique qui ne dit pas son nom."

Félix Tshisekedi, président de la RDC

à franceinfo

"A cause des massacres et des violences qu'exerce le Rwanda, des populations entières sont déplacées et vivent dans des conditions infrahumaines", dénonce le président. "Et ces populations, on les déplace de force parce que les localités qu'elles habitent, leurs localités d'origine, contiennent des matières utiles aux pays industrialisés", assure-t-il.

Aux yeux du président congolais d'ailleurs, les condamnations internationales de l'action du Rwanda ne sont pas suffisantes, et pour cause : "Je vais être très dur, c'est de la complicité. Kagamé l'a dit lui-même. Il a dit qu'il n'était pas seul dans les malheurs du Congo, dans les pillages du Congo. Lui, il se chargeait voler les ressources et les autres de les acheter et de les transformer."

Condamnation n'est pas sanction, et c'est là la preuve d'un certain laisser-faire selon Félix Tshisekedi : "À la mort de Navalny, il y a eu 500 sanctions des Etats-Unis contre la Russie. 500 pour un individu ! Au Congo, il y a eu 10 millions de morts. Ce n'est pas moi qui le dit, ce sont des organisations humanitaires. Combien de sanctions contre le Rwanda ? Zéro. Si ça, ce n'est pas du deux poids deux mesures, dites-moi ce que c'est."

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