Européennes 2024 : l'Irlande va permettre aux SDF de voter, notamment pour dénoncer la crise du logement en Europe
Comme tous les autres membres de l’Union européenne, l’Irlande n’échappe pas à la crise du logement. Le nombre de sans-abri y a quadruplé en 10 ans et jusqu’ici, comme dans la majeure partie des pays européens, le droit de vote leur était interdit. En Irlande, pour la première fois, les sans-abri seront autorisés à voter, le 7 juin 2024 aux élections européennes.
Jusque-là, il était impossible pour ces Irlandais sans domicile fixe de faire entendre leur voix. Mais tout a changé en 2022, grâce à une réforme électorale qui a permis aux associations caritatives de leur fournir une adresse. Comme dans de très nombreux pays, avoir une adresse est une condition "sine qua non" pour être inscrit sur une liste électorale. Sans adresse, vous êtes tout simplement privé d’une partie d’un de vos droits fondamentaux en tant que citoyen. L’Irlande a donc réparé cette injustice, et les 20 000 sans-abris que compte le pays seront en mesure de voter le 7 juin 2024.
Mais quand on dort dans la rue ou dans une voiture, voter est très loin d’être une priorité. C'est pour cette raison que, depuis des mois, des associations de soutien font campagne pour inciter les SDF irlandais à s’enregistrer sur une liste, comme celle de Mike Allen : "Le système des boîtes postales de réception est parfait pour ça. Ils peuvent entrer leur nom à l’adresse d’une boîte locale. Ils y recevront tout ce dont ils ont besoin, à commencer par leur carte d’électeur pour aller voter dans le bureau le plus proche."
Dublin, Bruxelles, Paris... toujours les mêmes raisons liées aux locations touristiques et à la crise de la construction
Cette campagne d’incitation au vote ne vise pas seulement les sans-abri. Les associations encouragent aussi les 70 000 personnes, principalement à Dublin, accueillies dans des logements d’urgence ou des logements sociaux. Cette démarche vise à mettre au centre du débat politique la crise du logement, et à dénoncer l’absence totale de réponse politique à ce que les Irlandais considèrent aujourd’hui comme la principale urgence à résoudre.
C’est le cas à Dublin, 3e ville la plus chère d’Europe. Mais le constat est le même à Bruxelles, à Paris, Zagreb, Lisbonne, Prague ou Budapest, toujours pour les mêmes raisons : des loyers inabordables, des logements proposés en priorité à des agences touristiques pour des locations de courtes durées, et une chute vertigineuse de la construction. En moyenne, on constate 25% d’habitations en moins par rapport à l’an dernier, alors que près de 900 000 personnes sont aujourd’hui sans-abri et que 19 millions de gens sont contraints de vivre dans l’insalubrité au sein de l’Union européenne.
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