Brésil : après l’inaction, les sanctions contre le président Jair Bolsonaro ?
Le président populiste brésilien fait face à de lourdes accusations. Une commission d'enquête parlementaire demande son inculpation pour une série de "crimes intentionnels" liés à sa gestion de la pandémie de Covid-19.
Au Brésil, le président populiste et provocateur Jair Bolsonaro va devoir rendre des comptes sur sa gestion du Covid-19 qui a fait des ravages dans le pays. Même si le l'épidémie a été encore plus meurtière aux États-Unis avec près de 730 000 morts, le Brésil se retrouve juste derrière. Le bilan dans le pays est de plus de 600 000 morts avec plus de 21 millions de personnes contaminées sur environ 213 millions d'habitants.
Jair Bolsonaro a passé son temps à minimiser la crise sanitaire, à la relativiser comme dans ce discours, en mars dernier où il lance à ses soutiens : "Vous n’êtes pas des dégonflés !" et aux Brésiliens inquiets : "Arrêtez de vous plaindre et de pleurnicher !" En Mars 2020 au cœur de la crise, il affirme haut et fort qu’"il n'y a pas de raison de paniquer. Ce n'est pas une petite grippe qui va me faire tomber". En juillet 2020, Jair Bolsonaro est testé positif au Covid-19 et se laisse filmer en train de prendre une troisième dose d'hydroxychloroquine. Il explique que son état s'améliore grâce à ce traitement largement controversé.
Les scandales se sont enchaînés, en même temps que la courbe des contaminations s'affolait. Sur la vaccination, Jair Bolsonaro prend là aussi le contre-pied des autorités de santé. Il y a quelques jours, il a annoncé "qu'il ne se ferait pas vacciner". Sans surprise, il s’oppose également viscéralement au pass sanitaire.
Un rapport de 1 200 pages, dix chefs d'accusation
Après l’inaction, des sanctions vont-elles donc tomber à l’encontre du président brésilien ? Pour l'instant, il y a des accusations en tous cas, celles portées par la CPI, la commission d'enquête parlementaire du Sénat brésilien aux diverses tendances politiques. Six mois d'auditions et de révélations… La commission s’est penchée notamment sur les relations entre le gouvernement et des mutuelles de santé privées accusées de promouvoir le traitement à l’hydroxychloroquine. L’une de ces mutuelles est soupçonnée d’avoir mené des expériences avec ce type de traitements, à l'insu des patients devenus "cobayes".
Le rapport fait presque 1 200 pages et 10 chefs d'accusation ont été retenus dont "crime contre l'humanité". Ces crimes sont jugés "intentionnels" par la CPI pour qui Jair Bolsonaro a délibérément décidé de ne pas prendre les mesures nécessaires pour contenir la circulation du virus. Jair Bolsonaro peut-il être condamné ? Pour cela il faut que le président brésilien, sur la base de ce rapport, soit inculpé par le parquet. Problème : le procureur général est un allié de Jair Bolsonaro. Il y a aussi la possibilité d'une procédure de destitution mais là encore, Jair Bolsonaro devrait disposer de suffisamment de soutiens au Parlement. Les accusations sont graves mais Jair Bolsonaro parle de "mascarade". Reste à voir quel poids ce rapport aura dans la campagne à venir. La présidentielle aura lieu l'an prochain. Dans les sondages pour l'instant Jair Bolsonaro est donné perdant face à l’ex-président de gauche, Lula da Silva. Sa cote de popularité a fondu et est au plus bas : 22 % d'opinions favorables. C'est déjà pour lui, un début de sanction.
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