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Brésil : Jair Bolsonaro dit définitivement "non" au vaccin anticovid

Le président brésilien l'assure face au monde entier : il ne se fera pas vacciner. Contaminé l'an dernier, il estime que son "immunité est au plus haut" et que "la liberté passe au-dessus de tout".

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jair Bolsonaro, le 7 octobre 2021. (EVARISTO SA / AFP)

Parce qu'il a déjà eu le coronavirus en juillet 2020, le président brésilien assure qu'il a tous les anticorps nécessaires, et que c'est très bien comme ça : "J'ai décidé de ne plus me faire vacciner", a-t-il déclaré mardi 12 octobre sur la radio Jovem Pan. "J'ai vu de nouvelles études (il ne précise pas lesquelles), mon immunité est au plus haut, alors pourquoi j'aurais besoin du vaccin ? Ce serait comme jouer à la loterie... ça n'a aucun sens !"

En septembre, Jair Bolsonaro avait déjà plaisanté sur les effets secondaires du vaccin Pfizer, dont il avait refusé 70 millions de doses pour son pays l'an dernier. Il y avait, selon lui, le risque que les gens se transforment "en crocodile", qu'une barbe pousse à une femme ou qu'un homme prenne des accents efféminés. Sa femme elle s'est pourtant faite vacciner fin septembre, mais pour ça, elle est allée aux États-Unis.

Très critiqué pour sa gestion de la crise, Bolsonaro est aussi viscéralement opposé au pass sanitaire, exigé dans plusieurs grandes villes pour accéder à certains lieux publics. "Pour moi, lance-t-il, la liberté passe au-dessus de tout".

Plus de 600 000 morts du Covid au Brésil

Sa dernière déclaration lui a valu de nombreuses critiques, autant dire que ça le laisse de marbre, alors que le Brésil vient de dépasser les 600 000 morts (c'est le pays le plus touché au monde après les États-Unis) et que 45 % de la population seulement sont entièrement vaccinés.

Un pays également secoué par un scandale de patients transformés en cobayes : plusieurs milliers de personnes, souvent âgées, se sont vu administrer un traitement anti-Covid inefficace voire dangereux sans qu'elles-mêmes ou leurs familles en soient informées. Ça c'est passé dans un groupe hospitalier privé, Pervent Senior, dont la direction a le soutien de Jair Bolsonaro.

Des statistiques maquillées

Pour cette étude "expérimentale", les médecins ont distribué à tour de bras un cocktail à base d'ivermectine et d'hydroxychloroquine, molécule dont la vertu n'a jamais été prouvée par les scientifiques mais qui a toujours été présentée par le président d'extrême droite comme un remède miracle. Il en faisait même la promotion le 20 septembre à la tribune des Nations unies.

Résultat, quand neuf malades ayant suivi ce traitement sont décédés, le groupe a dissimulé leur mort en maquillant les statistiques et en annonçant deux décès seulement. La semaine dernière, l'hebdomadaire Istoé dénonçait à sa une le "laboratoire des horreurs", évoquant "l’une des plus grandes barbaries de l’histoire de la médecine brésilienne".

Les médecins et anciens médecins de l’entreprise qui ont donné l'alerte, ont confié un dossier de 10 000 pages à la Commission d'enquête parlementaire du Sénat. Elle rendra ses conclusions mardi prochain sur les responsabilités du gouvernement Bolsonaro durant la pandémie et son entêtement à faire la promotion de traitements préventifs jugés inadaptés par la plupart des comités d'experts et l'OMS.

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