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Algérie : face à l'inflation, les fonctionnaires lancent un grève générale

Une grève générale est prévue mardi et mercredi dans la fonction publique algérienne pour réclamer des hausses de salaires. Les prix s'envolent dans ce pays du Maghreb qui ne profite pas économiquement de ses richesses en hydrocarbures.

Article rédigé par franceinfo, Christian Chesnot
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Lors d'une manifestation en Algérie le 2 avril 2021. Photo d'illustration. (RYAD KRAMDI / AFP)

Alors que l'Europe lorgne vers son gaz et son pétrole, la colère sociale est à son comble en Algérie. Les syndicats de la fonction publique ont décrété une grève générale mardi 26 et mercredi 27 avril pour exiger une hausse des salaires alors que les prix s'envolent.

C'est tout le paradoxe de l'Algérie : un pays riche en hydrocarbures mais plombé économiquement et socialement. L'Algérie est le premier exportateur africain et fournit 11% du gaz consommé en Europe. Avec la guerre russo-ukrainienne, beaucoup de regards se tournent vers Alger qui vient de signer un accord avec l'Italie pour la fourniture de volumes de gaz supplémentaires de 40% jusqu'en 2024.

Pays pétrolier, l'Algérie bénéficie de la hausse des cours du brut qui étaient encore à plus de 100 dollars mardi 26 avril. Mais le gouvernement algérien ne peut pas profiter pleinement de sa manne énergétique. D'abord parce que ses réserves s'épuisent et que la consommation intérieure explose, mais aussi parce que les infrastructures de gaz et de pétrole sont vieillissantes. Pire, l'Algérie ne produit pratiquement rien et importe tout de l'extérieur, notamment son alimentation. Résultat : l'inflation ronge les salaires qui ne suivent plus, d'où la grève générale dans la fonction publique.

Un pouvoir algérien dépassé ?

Face à cette grogne sociale, le pouvoir algérien a promis des augmentations de salaires d'ici la fin de l'année, en fonction des recettes liées aux exportations d'hydrocarbures. Il continue aussi de subventionner les produits alimentaires de base, comme le pain, la semoule ou le sucre. En 2021, les autorités ont dépensé 420 millions d'euros en subvention rien que pour l'huile. "Les gens ne veulent pas simplement vivre avec du pain et du lait, mais ils veulent se nourrir comme tout le monde", remarque un journaliste algérien qui souhaite rester anonyme.

Sur la table des Algériens, la viande est devenue inabordable, manger du poisson est devenu un luxe. Les gens consomment de plus en plus de lentilles et de pois chiches, qui sont devenus la "viande du pauvre" grâce leurs teneurs en acides aminés. Dans cette grogne sociale généralisée, l'Algérie est victime d'une double inflation : une inflation importée avec la guerre en Ukraine et une inflation locale liée aux dysfonctionnements internes.

Car fondamentalement, le pays n'arrive pas à diversifier sa base économique, encore trop dépendante des hydrocarbures et parasitée par le marché noir. Conséquence : en voie de paupérisation, la classe moyenne algérienne est aujourd'hui en train de disparaître.

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