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Vrai ou faux
Guerre Israël-Hamas : des vidéos détournées ou trafiquées par IA utilisées dans une véritable guerre de l'information
Depuis l'attaque terroriste du Hamas en Israël, le 7 octobre, les fausses informations se multiplient sur les réseaux sociaux. Franceinfo s'est déjà penché sur le cas de vidéos trompeuses et d'anciennes photos présentées comme récentes dans les jours qui ont suivi, puis sur les déclarations de certaines personnalités politiques françaises qui accusent le Hamas de fabriquer des roquettes à partir des canalisations souterraines, les restrictions d'eau imposées à Gaza par Israël ou encore le bombardement d'un hôpital de la bande de Gaza. Plus de trois semaines après le début du conflit, franceinfo vérifie à nouveau trois vidéos très relayées sur les réseaux sociaux.
Non, un acteur palestinien n'a pas fait semblant d'être blessé à Gaza
Plusieurs publications sur le réseau social X, anciennement Twitter, relaient deux vidéos, mises côte à côte. L'une montre un jeune homme sur un lit d'hôpital, avec une perfusion, entouré de machines. L'autre montre un jeune homme également, mais cette fois-ci, il marche dans les gravats des rues de la bande de Gaza. Des internautes pro-israéliens assurent qu'il s'agit du même homme, filmé à un jour d'écart, et en concluent que c'est un acteur qui s'est fait passer pour un blessé dans les bombardements israéliens à Gaza.
Palestinian blogger “miraculously” healed in one day from "Israeli bombing".
— Hananya Naftali (@HananyaNaftali) October 26, 2023
Yesterday, he was “hospitalized,” today, he is walking and walking like nothing happened.
I don't watch Netflix because Pallywood propaganda is the actual comedy. pic.twitter.com/jM638B9KqY
"Un blogueur palestinien guérit 'miraculeusement' en un jour des 'bombardements israéliens'. Hier, il était 'hospitalisé', aujourd'hui il marche comme si de rien n'était", écrit Hananya Naftali, un influenceur pro-israélien proche de Benyamin Nétanyahou. L'accusation a même été portée dans un premier temps par le compte officiel de l'État d'Israël sur X, avant d'être supprimée, selon le média indépendant indien Alt news , qui a d'abord vérifié la vidéo, suivi par Checknews de Libération.
Or, les deux vidéos n'ont en réalité rien à voir l'une avec l'autre. De fait, il ne s'agit pas de la même personne. Un nom est indiqué sur les vidéos de l'homme qui marche : il s'avère être Saleh Aljafarawi, un chanteur palestinien, qui a fait plusieurs vidéos pour témoigner des destructions que subit la bande de Gaza en raison des opérations militaires israéliennes. Sur ses réseaux sociaux, il ne prétend jamais avoir été blessé dans un bombardement.
Concernant l'autre vidéo, en faisant une recherche d'images inversée sur Google pour retrouver son origine, il est possible d'en retrouver une trace sur TikTok. La vidéo a en vérité été publiée le 18 août 2023 et montre bien un jeune homme blessé mais pas par les récents bombardements israéliens. Un tag accolé aux images permet de comprendre que la scène a eu lieu dans le camp de réfugiés de Nur Shamps en Cisjordanie. Des articles datant de l'été dernier s'étaient fait l'écho du cas d'un adolescent qui a perdu une jambe pendant l'invasion de ce camp par les forces israéliennes.
Non, Bella Hadid n'a pas apporté son soutien à Israël
Cet exemple permet de rappeler à la plus grande vigilance face aux images qui circulent sur les réseaux sociaux et qui prennent parti pour un côté ou l'autre, tellement la guerre sur le terrain se traduit aussi par une guerre de l'information, comme le notait il y a une semaine l'historien David Colon interviewé par franceinfo. Certaines vidéos sont détournées, comme dans l'exemple précédent, d'autres sont carrément inventées, trafiquées à l'aide d'une intelligence artificielle.
Ainsi, la vidéo montrant la mannequin américaine d'origine palestinienne Bella Hadid apporter son soutien à Israël. Debout devant un pupitre, elle semble prononcer ce discours : "Bonjour, c'est Bella Hadid. Le 7 octobre 2023, Israël a fait face à une attaque tragique de la part du Hamas. Je ne peux pas me taire. Je présente mes excuses pour mes remarques passées [dans lesquelles elle apportait son soutien à la Palestine]. Cette tragédie a ouvert mes yeux à la douleur qui est enduré ici et je soutiens Israël contre la terreur."
Bella Hadid stands with Israel.
— Danel Ben Namer (@DanelBenNamer) October 28, 2023
Sinwar didn’t expect to get this surprise for his 61 birthday 🎈🎂 #WeFixedItForBella pic.twitter.com/ZcXy42hP04
Mais la mannequin n'a jamais dit ça. En prenant une capture d'écran de la vidéo et en la recherchant sur internet, on retrouve une vidéo de Bella Hadid au gala de la Global Lyme Alliance en 2016 à New York, vêtue de la même tenue noire, devant le même rideau bleu, coiffée et maquillée exactement de la même façon. La mannequin donnait en réalité un discours sur la maladie de Lyme dont elle a révélé souffrir depuis des années. Ces images ont été trafiquées par intelligence artificielle pour faire un deepfake en imitant sa voix, en lui faisant dire des choses qu'elle n'a jamais dite et en faisant correspondre les mouvements de sa bouche à ces mots inventés.
Non, des enfants palestiniens n'ont pas été enfermés dans des cages par les soldats israéliens
Si les deux exemples précédents montrent des détournements de vidéos par des pro-israéliens, les pro-palestiniens ne sont pas en reste. Plusieurs comptes, dont celui, certifié, du chercheur et enseignant Sulaiman Ahmed, ont partagé la vidéo d'une interpellation d'enfants par des soldats israéliens et ont affirmé que ces enfants étaient enfermés dans des cages dans la bande de Gaza.
PALESTINIAN CHILDREN LOCKED UP IN CAGES BY ISRAELI IOF FORCES pic.twitter.com/dxWdGGve6z
— Sulaiman Ahmed (@ShaykhSulaiman) October 24, 2023
Mais plusieurs internautes ont indiqué dans les commentaires de cette vidéo que les images remontent en vérité à 2017 et ont été filmées en Cisjordanie. B'Tselem, une ONG israélienne pour les droits de l'Homme dans les territoires occupés, s'en était déjà émue à l'époque. Selon l'ONG, les enfants avait été interpellés après avoir jeté des pierres sur des soldats israéliens. Ils avaient été détenus quelques heures non pas dans des cages mais dans des cellules grillagées à un checkpoint avant d'être relâchés le soir même. Ces images n'ont donc rien à voir avec le conflit actuel entre Israël et le Hamas, dans la bande de Gaza.
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