Le vrai du faux. Est-il vrai que la police a dû faire face à près de 11 000 départs d'agents en un an, comme le dit Brice Hortefeux ?

L'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux indique que "10 848 policiers sont partis en un an". Mais il ne s'agit pas forcément des démissions.
Article rédigé par franceinfo - Caroline Félix
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancien ministre et eurodéputé Brice Hortefeux, sur franceinfo, le 3 août 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Brice Hortefeux, député européen Les Républicains, ancien ministre de l'Intérieur a dénoncé dans le 8h30 franceinfo du jeudi 3 août une hémorragie des effectifs au sein de la police nationale : "Vous avez dans la police, c'est la Cour des comptes qui le dit, 10 848 policiers qui sont partis en un an (…) C'est vous dire combien la pression est forte, combien la tension est grande".

Des réalités très différentes derrière le chiffre

Mais ce chiffre est trompeur, car il recouvre plusieurs réalités très différentes. La Cour des comptes parle bien de 11 000 départs en 2022, dans un rapport paru en avril. Il peut paraître élevé, alors que la police compte 150 000 agents. Mais il ne faut pas confondre départs et démissions, précise la porte-parole de la police nationale.

Quand on regarde dans le détail des chiffres transmis par la police nationale, parmi ces 11 000 départs, il y a d'abord les départs à la retraite, qui représentent environ 3 000 agents. Il y a aussi 2 400 départs qui s'expliquent pour une raison un peu curieuse et un peu technique : ce sont des policiers adjoints contractuels qui deviennent gardien de la paix. Pour être promu, ils doivent d'abord démissionner avant de réintégrer les effectifs dans un second temps.

Un "point de vigilance" pour la police

Mais ça n'explique pas tous les départs. En 2022, 5 500 départs ne s'expliquaient ni par la retraite, ni par les promotions. C'est moitié moins que le chiffre de Brice Hortefeux, même si cette donnée est en augmentation de 30% par rapport à 2019. Ces 5 500 départs ne correspondent d'ailleurs pas tous à des démissions. D'après la police nationale, ils peuvent aussi s'expliquer par les détachements dans d'autres administrations, comme les tribunaux ou les collectivités. Un phénomène qui est en augmentation. Dernière explication enfin : des congés longs pour motifs familiaux ou de santé sont comptés comme des départs. Mais la police n'a pas communiqué de données précises là-dessus.

Elle reconnait toutefois que parmi ces 5 500 départs il y a forcément une bonne partie de démissions. C'est à cause du salaire, d'agents qui n'ont pas eu une mutation où ils souhaitaient, ou du mal-être au travail. La police affirme que c'est effectivement un "point de vigilance", mais refuse de parler de "Grande démission".

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