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Séisme au Maroc : le silence gênant de Mohammed VI

Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre 2023, un séisme a causé la mort d'au moins 2 100 personnes au Maroc. Une véritable tragédie nationale face à laquelle le roi, Mohammed VI, s'est jusqu'ici montré très discret.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le roi du Maroc, Mohammed VI, lors de sa dernière apparition publique, le 31 juillet 2023 (FADEL SENNA / AFP)

La rumeur l'annonce lundi 11 septembre sur le terrain, dans les environs de Marrakech, auprès des sinistrés. Mais pendant quasiment 24 heures, le royaume a vécu sans son chef. Le souverain était en voyage privé à Paris - où il possède un hôtel particulier près de la Tour Eiffel. 

Quasiment 24 heures de flottement et de silence, et puis ces images officielles, samedi après-midi, diffusées par le Cabinet Royal. Le souverain, vêtu d'une djellabah et coiffé de son fez en feutre rouge y préside une réunion de crise au palais royal à Rabat. La photo est cadrée très large, les images pour la télévision, sans sons, durent une poignée de secondes. 

Depuis, plus rien. Alors que les dirigeants du monde entier continuent d'exprimer leur compassion, Mohammed VI reste invisible et muet. Il est vrai que depuis ses opérations du cœur, en 2018 à Paris puis 2020 à Rabat, celui qu'on a souvent appelé "le roi malgré lui" se montre rarement en public.

Chaque fois de plus en plus maigre, de plus en plus pâle. Comme lors de sa dernière apparition, fin juillet, à l'occasion l’anniversaire de son accession au trône en 1999. Désormais, il n'y a plus une seule image de lui où ne voit pas à ses côtés le prince héritier, son fils de 20 ans, Moulay el-Hassan, silhouette fine, tout aussi discret que son père. 

Une aide internationale limitée...

Mohammed VI se montre aussi soucieux de contrôler son image dans les médias qu'il semble se méfier de l'aide internationale. Alors qu’une course contre la montre est engagée pour sauver des vies, le Maroc n'a finalement autorisé que quatre pays à envoyer des équipes de sauvetage : l'Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis.

Le ministère de l'Intérieur dit se méfier d'un engorgement de l'aide internationale et d'un manque de coordination qui serait "contre-productif". Plus d'une soixantaine de pays, de la France aux États-Unis, en passant par Israël, ont pourtant proposé leurs services. 

... et sans la France


La France, justement, n'intervient pas. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir proposé. Au sommet du G20 à New Delhi dimanche, Emmanuel Macron le disait encore : la seconde où cette aide sera demandée, elle sera déployée". Le Maroc n'a pas réagi.

Mais on le sait, l'ambiance entre Paris et Rabat est tendue depuis de longs mois. En mars, quand Emmanuel Macron avait déclaré que ses relations avec le roi Mohammed VI étaient amicales. Rabat avait répondu : "Les relations ne sont ni amicales ni bonnes". Il y a eu l'affaire du logiciel espion Pegasus il y a deux ans, utilisé par les services de renseignement marocains pour écouter toute une pléiade de dirigeants, le non-respect par les autorités marocaines des accords de reconduite aux frontières des étrangers en situation irrégulière, et surtout le contentieux du Saraha occidental, cause nationale pour Rabat. Contrairement à l'Espagne, Paris refuse toujours de reconnaître la souveraineté du Maroc notamment pour ménager l'Algérie. 

Ce séisme aurait pu être l'occasion d'une réconciliation, comme il l'est avec l'Algérie, qui a de façon tout à fait inattendue qualifié son rival régional de pays "frère" à l'occasion de cette catastrophe. À croire qu'avec la France la diplomatie de l'humanitaire a du mal à trouver sa place.

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