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Présidentielle au Brésil : face à Lula, le contre-pouvoir des gouverneurs proches de Bolsonaro

Au Brésil, l'ancien président de gauche Lula l'a emporté sur le fil, dimanche 30 octobre, face au chef de l'État sortant d'extrême droite, Jaïr Bolsonaro. Mais au Brésil, une élection peut en cacher une autre.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Says
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Lula fête sa victoire à l'élection présidentielle, à Saõ Paulo, (Brésil), le 30 octobre 2022. (CAIO GUATELLI / AFP)

Imaginez qu'en France, on vote le même jour pour élire le chef de l'État, mais aussi les députés, et même les présidents de région. Une sorte de vote "tout en un" : présidentielle, législatives, régionales, etc. C'est ce qui s'est passé dimanche 30 octobre, au Brésil. Dans l'ombre du duel spectaculaire et accroché entre Lula et Bolsonaro, les électeurs étaient aussi appelés à renouveler la chambre des députés, une partie du Sénat, ainsi que les gouverneurs de chacun des 27 États qui composent le Brésil, L'État de Sao Paulo, l'État de Rio, etc. En somme, les électeurs brésiliens n'ont pas fait le déplacement pour rien.

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Cette élection des gouverneurs, au Brésil, est presque aussi importante que celle du président. C'est la limite de la comparaison avec la France parce qu'au Brésil, un gouverneur a bien plus de pouvoir qu'un président de Conseil régional chez nous. Le Brésil est un pays fédéral, comme les États-Unis. Autrement dit, fortement décentralisé. Les gouverneurs ont des pouvoirs assez étendus : ils ont leur mot à dire en matière d'Éducation, de Justice, de lutte contre la pauvreté, en matière de santé, aussi. À tel point que les gouverneurs ont joué le rôle de contre-pouvoir, pendant la crise sanitaire. Au moment où le président Jaïr Bolsonaro rechignait à confiner et à commander des vaccins – il doutait de leur nécessité –, plusieurs États, comme celui de Sao Paulo, se sont organisés eux-mêmes et ont commandé et importé leurs propres vaccins. Le chef de l'État n'a rien pu faire. C'est la Constitution.

Lula n'a pas tout gagné

Lula devra compter avec les gouverneurs, ou plutôt sans eux, pour certains gouverneurs. Car dimanche 30 octobre des proches de Jaïr Bolsonaro ont été désignés à la tête de plusieurs États clés. Notamment l'État le plus riche du Brésil : celui de Sao Paulo, qui représente à lui seul un tiers de la richesse produite chaque année dans tout le pays, avec un produit intérieur brut plus élevé que celui de l'Argentine ou de la Belgique.

Après le vote d'hier, les Bolsonaristes seront même majoritaires parmi les gouverneurs : 14 États sur 27. Autant de possibilité de jouer l'obstruction face au nouveau pouvoir. Bref, dimanche soir, Bolsonaro n'a pas tout perdu et le mandat à venir de Lula, lui, n'est pas gagné.

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