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La recette du bonheur du Bhoutan qui n'est bientôt plus un "pays pauvre"

Lundi 20 mars, en cette journée internationale du bonheur, direction le Bhoutan, pays minuscule coincé entre l'Inde et le Tibet où la richesse se mesure en Bonheur national brut. Cette année, le royaume va sortir de la catégorie des "pays pauvres".

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Cérémonie dans le monastère de Mongar (Bhoutan) pendant la journee internationale du bonheur, le 20 mars 2013. (DAVID DUCOIN / GAMMA-RAPHO)

Ce BNB, "Bonheur national brut" qui intéresse tant les occidentaux existe depuis 1972. Il se calcule à partir de 33 critères différents : on ne parle pas de revenu ou de pouvoir d'achat mais d'équilibre personnel et collectif, de santé psychologique, de temps passé avec ses proches.

À ses débuts, cet indicateur n'a pas du tout été pris au sérieux, aujourd'hui il est cité en exemple. Cela ne veut pas dire que le royaume, qui se protège encore de la modernité, échappe pour autant à la mondialisation. La jeunesse y consomme Netflix et TikTok – comme tout le monde. Mais le Bouthan, où le bouddhisme tantrique est religion d'État, le Bouthan où se soigner et s'éduquer ne coûte rien, le Bouthan place au-dessus de tout le bonheur de ses 800 000 sujets.

Un bilan carbone négatif

Avec une vertu cardinale: le développement durable. C'est l'un des trois pays au monde, avec le Surinam et le Panama, à avoir un bilan carbone négatif. On en a beaucoup parlé au moment de la COP26. Ca veut dire qu'il absorbe plus de gaz à effet de serre qu’il n’en émet, grâce à ses forêts. Elles couvrent 70 % du territoire. Ce chiffre ne doit jamais descendre en-dessous de 60%, c'est écrit dans la constitution qui interdit également la déforestation à but commercial.


Le pays produit son énergie grâce à ses centrales hydrauliques et pour lutter contre la pollution – alors que les embouteillages commencent à devenir problématiques dans la capitale – le gouvernement vient de relancer un plan de subventions massives pour les voitures électriques. Et oui, tout cela ce sont aussi des indicateurs de bonheur.

Taxe touristique : 200 dollars par jour

Le tourisme, en revanche, en paie les conséquences. Pas question de se laisser envahir par les routards ou le tourisme de masse. Quand les frontières ont rouvert après le Covid, le gouvernement a augmenté la taxe imposée aux visiteurs étrangers: elle est passé de 65 à 200 dollars par jour. Obligatoire. C'est une taxe de “développement durable”. Et tant pis si ça fait baisser le nombre de touristes. Volume réduit mais valeur élevée. Pour le gouvernement la protection de l’environnement à long terme est plus importante que l’économie.

Un pays "à revenu intermédiaire"

Son modèle est une réussite puisque le Bouthan va quitter le groupe des pays les pauvres – ceux que l'ONU appelle les "pays les moins avancés". Ils sont une quarantaine au total.

L'Angola ou les Iles Salomon, qui comme le Bouthan doivent officiellement en fin d'année quitter cette nomenclature, ne sont pas pressés d'en sortir pour obtenir le statut de pays à revenu intermédiaire. Faire partie de ce groupe, c'est aussi bénéficier de certains avantages commerciaux, financiers. Le Bouthan, qui va en sortir à la fin de l'année, y voit au contraire un sujet supplémentaire de fierté nationale.

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