Guerre en Ukraine : Dubaï , nouvel eldorado des milliardaires russes
Les grandes fortunes russes se replient vers les Émirats et leur nouvelle terre d'accueil s'appelle Dubaï.
Dubaï, ses gratte-ciels futuristes et ses îles artificielles, son shopping de luxe et sa vie nocturne aimantent depuis longtemps déjà les ultra-riches russes qui n'ont pas attendu la guerre en Ukraine. Ces Russes y viennent pour y créer leurs sociétés, pour venir s'y amuser en jet privé, investir dans la cryptomonnaie ou l'immobilier – acheter un bien de plus de 250 000 dollars dans les Émirats ouvre la possibilité d'un visa de résidence de trois ans.
Mais ce qui change, aujourd'hui, c'est que ces milliardaires russes commencent à transférer leurs avoirs en même temps que leurs collaborateurs, leurs familles et leurs domestiques. Les appartements gigantesques avec vue sur la mer, c'est pour eux. Ils viennent pour rester. Le gestionnaire d'un portefeuille immobilier explique dans le quotidien Le Monde que le nombre de Russes qui l'approchent est "en hausse de 30 à 35%". Et que depuis une semaine, la tendance s'accélère. Même si les musiciens qui vivent des concets privés donnés pour ces grandes fortunes suivent le mouvement.
Ces représentants de la haute société russe sont des hommes d'affaires, des banquiers, des avocats... Leurs démarches sont discrètes. Mais des oligarques visés par les sanctions internationales font certainement partie du lot. Le New York Times assure que l'avion de Roman Abramovitch, propriétaire du club londonien de Chelsea, a été aperçu début mars sur l'aéroport de Dubaï. Par ailleurs au lendemain du discours très radical de Vladimir Poutine mercredi 16 mars, quand le président russe s'en est pris aux "traîtres (...) ayant une villa à Miami ou sur la Côte d'Azur", plusieurs jets privés ont quitté Moscou direction Dubaï. Les observateurs y ont vu le signe que l'exode des milliardaires commençait.
Des banques de Dubaï peu regardantes sur l'origine des fonds
Pourquoi précisément Dubaï ? Parce que Londres et Genève, où ils avaient leurs habitudes, c'est fini. Le Royaume-Uni et la Suisse appliquent les mêmes sanctions que les européens, la Nomenklatura n'y a plus aucun privilège. Dubaï a donc le champ libre et les Émirats qui ont refusé d'adopter des sanctions contre Moscou profitent de leur non-alignement. Les banques locales ouvrent d'autant plus facilement leurs bras à l'argent russe qu'elles ont la réputation d'être assez peu regardante sur l'origine des fonds.
Les Emirats sont par ailleurs étroitement liés à Moscou par un accord de coopération stratégique signé en 2018, des partenariats dans les nouvelles technologies. Leurs relations commerciales ont bondi de 38% ces onze derniers mois. Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d'or.
Revers de la médaille : leur réputation risque d'en prendre un coup. Au début du mois, le Groupe d'action financière (Gafi), l'organe international de lutte contre le blanchiment d'argent, a demandé de gros efforts de transparences aux Émirats, qu'il a placés sur sa liste grise au même titre que la Syrie, le Yémen et le Soudan du Sud.
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