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Expulsions d'espions russes en europe : le grand ménage de printemps

La France expulse de nouveau des espions russes, qui travaillaient comme diplomates. Six individus qui s'ajoutent aux 35 déjà démasqués ces derniers jours. Depuis le début de la guerre en Ukraine, dans toute l'Europe, c'est le grand ménage de printemps.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La grille de l'ambassade de Russie à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Il y a une semaine, on assistait à une frénésie d'expulsions parfaitement coordonnées : en 48 heures plus de 200 diplomates renvoyés fissa d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, de Belgique, de Slovénie, de Lituanie, d'Autriche, du Danemark, de Suède, de Pologne, de Grèce, de Croatie, de Roumanie... Dans certains cas, il s'agissait de représailles directes aux exactions commises par les russes en Ukraine. Dans d'autres, d'accusations d'espionnage (sans que l'on sache précisément quelle était la nature de leurs activités). Les chancelleries européennes n'ont pas découvert tout à coup que les représentations russes de leur pays grouillaient d'agents à la recherche d'informations stratégiques. En réalité cette pratique des expulsions est une arme diplomatique relativement fréquente. Certes elles étaient beaucoup moins importantes mais il y a déjà eu ces dernières années plusieurs vagues d'expulsions de faux diplomates russes, en 2018 et 2020.

L'espionnage russe est devenu plus agressif ces dernières années. En 2014, quand l'Ukraine se soulève place Maïdan pour protester contre un rapprochement avec la Russie, Vladimir Poutine (lui-même ex-membre du KGB) est persuadé que la rébellion est orchestrée par la CIA. Il organise la riposte pour prévenir la moindre action occidentale et le renseignement russe, le GRU, s'engage dans une bataille existentielle pour protéger la Russie. Sa particularité, c'est que ses pratiques vont bien au-delà du simple retournement d'espion ou de la corruption de fonctionnaires, pratiques auxquelles se livrent à peu près toutes les grandes puissances. Les Russes sont en effet très agressifs et pas très discrets : en 2018, à Londres, un ex-agent double Sergueï Skripal fait l'objet d'une tentative d'assassinat par empoisonnement dans une bouteille de parfum. Le passant qui la ramasse dans la rue l'offre à sa compagne qui ne survit pas. En 2019, à Berlin un ancien combattant tchétchène est tué par un homme soupçonné d'agir sur ordre de Moscou. Et en 2021, dans un avion sur une ligne intérieure vers Moscou c'est l'opposant Alexeï Navalny qui est empoisonné au Novitchok, un agent neurotoxique. Le fait que tout cela soit rendu public montre soit qu’ils font des erreurs, soit qu'ils veulent que cela se sache. Comme un avertissement envoyé à ceux qui osent défier Poutine, et qu'elle se sentait de nouveau en confiance pour tuer des figures de l'opposition à l'étranger.

Un nombre d'informateurs non négligeable mis de côté

À grande échelle ces expulsions sont efficaces car même si Moscou dispose toujours d’informateurs en Europe, perdre autant d’opérateurs va compliquer pour quelque temps sa capacité à collecter des informations, à semer la division voire à peser sur les élections du continent européen. L'impact va bien au-delà du conflit actuel. En mars, Kiev a dévoilé une liste de 600 diplomates russes accusés d’être des "agents des renseignements ", il en reste donc encore pas mal sur la liste. Ça peut freiner Moscou.

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