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Guerre en Ukraine : ce qu'il faut savoir de l'expulsion des diplomates russes par plusieurs pays européens, dont la France

Le nombre de diplomates russes renvoyés de leur poste en Europe, car soupçonnés d'espionnage, s'accélère depuis la découverte des massacres proférés à Boutcha. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 4 min
De plus en plus de pays européens décident d'expulser des diplomates russes, soupçonnés d'espionnage pour leur pays. (ALAIN JOCARD / AFP)

La liste des diplomates russes expulsés s'allonge. Après la France et l'Allemagne lundi, l'Italie, l'Espagne, la Suède et le Danemark ont annoncé, mardi 5 avril, un renvoi massif de diplomates russes. Au total, selon un décompte de l'AFP, près de 200 diplomates russes installés en Europe sont en cours d'expulsion.

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Les plus récentes décisions d'expulsions interviennent après la découverte de dizaines de cadavres de civils à Boutcha et dans d'autres localités au nord-ouest de Kiev, marquant une nouvelle dégradation des relations diplomatiques avec Moscou.

Qui a renvoyé des diplomates russes ?

La France et l'Allemagne ont rejoint lundi la liste des pays européens qui ont décidé de renvoyer des diplomates russes. D'après un bref communiqué du Quai d'Orsay, la diplomatie française a décidé d'expulser "de nombreux personnels russes sous statut diplomatique affectés en France dont les activités sont contraires à nos intérêts de sécurité". "Cette action s'inscrit dans une démarche européenne", précise le ministère des Affaires étrangères, sans donner le nombre exact de personnes concernées.

En Allemagne, selon l'AFP, une quarantaine de diplomates russes en poste à Berlin, la capitale allemande, ont été sommés de quitter le pays. Ces employés de l'ambassade de Russie constituaient "une menace pour ceux et celles qui cherchent une protection chez nous", a affirmé Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères. "Nous ne le tolérerons plus", a-t-elle ajouté dans une déclaration écrite.

De son côté, l'Italie a annoncé mardi l'expulsion de 30 diplomates russes pour des raisons de "sécurité nationale". L'Espagne a pris la même décision pour 25 personnes. "L'ambassadeur n'est pas inclus car nous voulons laisser une chance au dialogue", a précisé José Manuel Albares, le ministre des Affaires étrangères espagnol. Au Danemark, "quinze agents de renseignement [qui] ont mené des activités d'espionnage" sont sommés de quitter le pays, tandis que trois diplomates ont été renvoyés de Suède.

Quels pays avaient déjà pris cette décision ?

La valse des départs a été initiée par les Etats-Unis qui ont expulsé douze diplomates russes auprès de l'ONU, pour "espionnage", dès le 28 février. Les expulsions se sont accélérées à partir de la mi-mars, avec l'annonce conjointe des pays baltes du renvoi de dix diplomates russes. Sur Twitter, le 18 mars, le ministre letton des Affaires étrangères avait annoncé l'expulsion de "trois employés de l'ambassade russe en raison d'activités contraires à leur statut diplomatique". La Lituanie et l'Estonie avaient elles renvoyé respectivement quatre et trois diplomates russes.

Et cela a fait tache d'huile, la Pologne, la Belgique, l'Irlande, la Slovaquie ou encore les Pays-Bas leur emboîtant le pas. Varsovie a ainsi expulsé "45 espions russes se faisant passer pour des diplomates". Le 29 mars, Bruxelles a donné 15 jours pour quitter le pays à 21 personnes travaillant pour l'ambassade de Russie et le consulat basé à Anvers. Toutes étaient soupçonnées d'implication "dans des opérations d'espionnage et d'influence", d'après la cheffe de la diplomatie belge. Les Pays-Bas justifient, eux, leur décision d'expulser 17 officiers de renseignement "en raison de la menace pour la sécurité nationale posée par ce groupe" et de "l'attitude actuelle de la Russie au sens large", selon France 24.

Quelles sont les raisons de ces renvois ?

Ces expulsions interviennent au lendemain de la découverte de dizaines de corps dans les rues ou des fosses communes de Boutcha après le retrait des troupes russes. Selon le chef de la diplomatie espagnol José Manuel Albares, cette décision est directement liée aux "terribles évènements des derniers jours en Ukraine, à Boutcha et à Marioupol".

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Pour l'eurodéputé Bernard Guetta (LREM), ces expulsions sont un "signal politique" envoyé à la Russie. "On en arrive à ces expulsions massives parce que, ces barbouzes, on ne peut plus tolérer leur présence dans un climat politique qui est évidemment tout à fait différent, surtout après les révélations sur les meurtres massifs de civils que l'armée russe à commis autour de Kiev", a-t-il expliqué sur franceinfo.

Lundi, le gouvernement lituanien a décidé d'aller plus loin en expulsant l'ambassadeur de la Fédération de Russie et en fermant le consulat russe situé à Klaipeda, une ville portuaire dont 20% des habitants sont Russes. Une décision "en réponse à l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine et aux atrocités commises par les forces armées russes dans diverses villes ukrainiennes occupées", a déclaré le chef de la diplomatie lituanienne. 

Comment la Russie réagit-elle ?

Le Kremlin, qui rejette toute responsabilité dans les massacres perpétrés dans la région de Kiev, a vivement réagi à ces sanctions et a fait savoir qu'elle riposterait. "Il est clair qu'il s'agit d'une campagne coordonnée à l'avance", a fustigé mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères. "Cela porte un coup aux relations bilatérales, aux canaux de discussions diplomatiques", a-t-il ajouté, estimant que "les conséquences vont se faire sentir très longtemps".

L'expulsion allemande, jugée "inamicale", va "détériorer" les relations entre Berlin et Moscou, a répliqué l'ambassade russe à Berlin sur Telegram, dénonçant une "réduction infondée du personnel diplomatique". "Nous avons exprimé notre rejet catégorique des accusations unilatérales de Berlin, qui s'est empressé de prendre le parti de Kiev, sans même attendre une enquête indépendante sur les événements de Boutcha", a-t-elle poursuivi.

Quant à l'expulsion de l'ambassadeur russe de Vilnius, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé une mesure "extrêmement hostile" et a accusé la Lituanie de vouloir "détruire les relations bilatérales". En réponse, Moscou envisage "bientôt" des mesures de rétorsion.

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