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Témoignage Guerre en Ukraine : "Dans ce trou, c'est ma famille", raconte un habitant de Motyzhyn, qui attribue les massacres à l'armée russe

Article rédigé par franceinfo - Thibault Lefèvre et Benjamin Thuau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Plusieurs corps, dont ceux de la maire et de sa famille, ont été retrouvés à Motyzhyn, au nord de Kiev (Ukraine), le 4 avril 2022. (THIBAULT LEFEVRE / RADIO FRANCE)

Plusieurs localités situées au nord de Kiev (Ukraine) ont, comme Boutcha, connu des atrocités. À Motyzhyn, la maire du village a notamment été retrouvée entourée de sa famille. Les habitants attribuent ces crimes à l'armée russe

Igor est accroupi en surplomb de quatre corps enchevêtrés dans la terre meuble d'une forêt de pin, en lisière de Motyzhyn, dans la banlieue de Kiev (Ukraine). Trois jours après les premières révélations des atrocités commises dans la ville de Boutcha, des massacres semblables ont été découverts dans d'autres villes du nord de la capitale, mardi 5 avril. C'est le cas de Motyzhyn, située à seulement quelques kilomètres au sud de Boutcha. 

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Igor y pleure sa belle-famille, notamment Olga Sourenko, la maire du village. Son cadavre, le crâne fracassé, est en partie recouvert de sable. "Ce sont des racailles et des fascistes. Dans ce trou, c’est ma famille, ce sont mes proches. Ils n’étaient pas soldats et ne présentaient donc aucune menace", s'insurge Igor, en larmes. "Pourquoi ont-ils été tués ? Parce qu’ils sont Ukrainiens ! C’était des gens formidables."

"Pourquoi les 'Ruskovs' sont venus ici ? Pourquoi ils s’en sont pris aux civils ? Si les grands pays de l’Ouest ne veulent pas voir les mêmes choses se passer dans leurs forêts, qu’ils nous donnent plus d’armes !"

Igor, proche de la famille Sourenko

à franceinfo

Arrêtée le 23 mars par les Russes, Olga Sourenko, 50 ans, n’a pas voulu se soumettre à l'envahisseur, comme beaucoup d’élus de ces petites communes occupées. "Ils ont été torturés. Ça se voit", affirme Oleksandr, un de ses amis, qui se dit convaincu qu'ils ont été tués au moment du retrait des Russes. "C'étaient de bonnes personnes. Olga et son fils étaient volontaires, ils distribuaient des médicaments et de la nourriture aux personnes âgées dans le village."

Un peu plus loin, le cadavre d’un autre homme gît au fond d'une citerne. Au total, une vingtaine d’habitants de Motyzhyn n’ont pas donné signe de vie depuis le retrait des troupes russes. Les fouilles de la forêt n’ont pas encore commencé.

"Dans ce trou, c'est ma famille", raconte un habitant de Motyzhyn, village victime des massacres de l'armée russe - Thibault Lefèvre et Benjamin Thuau

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