Attaques en mer rouge : l'Égypte perd des milliards

Depuis le mois de novembre, les rebelles houthis attaquent des navires en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden. Les armateurs renoncent souvent à passer par le canal de Suez pour acheminer des marchandises entre l'Asie et l'Europe.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
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Un porte-conteneurs MSC traverse le canal de Suez, le 22 décembre 2023. (MOHAMED HOSSAM / EPA)

Le canal de Suez, en fonction depuis 1869, rapportait à l'Égypte "près de 10 milliards de dollars par an" en taxes, en frais de passage", a assuré le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, lors d'une conférence de presse le 19 février. Des pétroliers, des porte-conteneurs, des cargos remplis de grain, de charbon. Tous passent par ce canal pour naviguer plus vite entre l'Europe et l'Asie. Près de 12% du trafic maritime mondial s'y concentre en temps normal. Mais, depuis le début de l'année, le canal de Suez rapporte moitié moins à l'Égypte. L'ONU évoque une baisse du volume commercial de 42% en deux mois. C'est la conséquence des attaques des rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran.

Ils visent depuis novembre des bateaux avec des drones et des missiles et affirment cibler les navires liés à Israël et à ses soutiens, en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. La route est devenue dangereuse, les bateaux trop chers à assurer. Les armateurs décident souvent de contourner l'Afrique, par le Cap de Bonne-Espérance et se ravitaillent dans des ports comme Dar Es Salaam en Tanzanie ou Durban en Afrique du Sud, désormais surchargés. Mais ces détours prennent une dizaine de jours de plus, ce qui signifie aussi plus de dépenses de carburant. Avec un risque, si la situation perdure prévenait récemment l'OCDE, de hausse des prix en bout de chaîne.

L'UE lance sa propre mission de surveillance en mer

Pourtant, une opération militaire de protection maritime, "Gardiens de la Prospérité", impulsée par les Américains, a été mise en place dans la zone. Il y a eu aussi des frappes américaines et anglaises sur des cibles houthies au Yémen, mais les attaques continuent. Lundi encore, un navire immatriculé au Royaume-Uni, le Rubymar, chargé d'engrais, a été "touché" dans le golfe d'Aden, assure le porte-parole des rebelles Houthis, qui dit avoir visé aussi deux nouveaux bateaux américains.

L'Égypte n'est pas le seul pays à subir les conséquences de ces attaques. Par exemple, pour le Qatar, cela entraîne des perturbations des livraisons d'hydrocarbures et pour Israël des perturbations des importations et des exportations. Lundi, l'Union européenne a lancé "Bouclier", sa propre mission de surveillance et de patrouille en mer.

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