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"La chanson est aussi un beau facteur d'intégration", assure Daniela Lumbroso, avant "La fête de la chanson d'amour" sur France 2

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’animatrice de radio et de télé, productrice et auteure, Daniela Lumbroso.
Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Daniela Lumbroso, en 2016 (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Daniela Lumbroso est animatrice de radio et de télé, productrice et auteure. Elle a produit et animé les émissions : La Fête de la chanson française pendant 11 ans, Les filles au Zénith, Gainsbourg pour toujours ou encore Chabada sur France 3. Elle vient de publier, avec Joseph Agostini, Les Chansons d'amour guérissent le cœur du monde aux éditions Robert Laffont. Et ce mardi 14 février 2023 à 21h10 sur France 2, soir de la Saint-Valentin, elle produit l'émission La fête de la chanson d'amour.

franceinfo : Les chansons d'amour ont la couleur du temps, la chanson nomme donc des émotions ?

Daniela Lumbroso : Bien sûr. Nietzsche disait par exemple : "La vie sans musique serait une erreur, une fatigue, un exil". Et Johnny Hallyday m'avait dit dans une fête de la chanson française : "Que serions-nous dans ce monde s'il n'y avait pas la musique ?" Et c'est vrai que dans ce livre, on s'est interrogé un peu sur ces chansons d'amour. On a tous pleuré sur Mistral gagnant de Renaud ou sur Je suis malade de Serge Lama. On s'est un peu demandé pourquoi. On a voulu finalement analyser le répertoire de Johnny ou de Chimène Badi, comme si c'était Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski.

C'est marrant parce qu'on connait pas grand-chose de vous. Il y a beaucoup de pudeur dans cet ouvrage, mais en même temps, vous vous livrez. Vous racontez votre enfance. Vous nous plongez à Abidjan en Côte d'Ivoire et vous nous racontez le parcours de vos parents qui ont quitté la Tunisie, leur pays d'enfance, pour intégrer la banlieue parisienne où vous avez grandi. Vous n'étiez pas forcément joyeuse, vous dites que vous aviez un regard triste même s'il y a toujours eu une énorme complicité avec votre père.

Oui, alors il y avait de l'amour dans ma famille. Mais comme souvent, à cette époque, les parents étaient jeunes quand ils faisaient des enfants, vraiment très jeunes. Nos parents nous ont eus à 20 ans et 24 ans, ils avaient donc aussi une vie à vivre et à mener. Et puis, quand j’étais petite, l'enfant n'était pas tout à fait une personne, on ne lui prêtait pas l'attention qu'on lui prête aujourd'hui et du coup, on grandissait un peu tout seul comme on pouvait avec énormément de solitude. Et cette solitude, c'est vrai qu'on la voit dans tous les témoignages du livre, puisqu'on a à la fois interrogé des patients de mon coauteur puisqu'il est psychanalyste, Joseph Agostini et puis mes patients à moi, d'une certaine manière, c'est-à-dire Julien Clerc, Zaz, Eddy Mitchell.

On s'est aperçu, en écrivant ce livre, avec Joseph Agostini que cette solitude ressentie enfant peut être en partie comblée par des chansons et que leur impact sur nos vies est très fort.

Daniela Lumbroso

à franceinfo

Vous aviez du mal, par moments, à évoquer vos émotions. Votre maman portait une perruque alors vous avez décidé de la prendre pour interpréter des chansons, et notamment Comme un garçon de Sylvie Vartan. Cette dernière a été un déclic pour vous !

Alors, c'est vrai que c'était un peu la mode des perruques. Les femmes mettaient un peu des cheveux longs, des cheveux courts. C'était vers la fin des années 60. Et du coup, c'est vrai qu'avec cette perruque, une cigarette pas allumée entre les doigts et en dansant au milieu du salon, j'avais le sentiment d'exister tout à coup, alors qu'on n'existait pas tout à fait en tant qu'enfant.

Autre point d'appui et un pilier, c'est Barbara.

Barbara, il y a tellement de chansons d'amour si fortes !

J'ai le sentiment que les chanteurs, et puis surtout les auteurs, les compositeurs vous font vivre comme s'ils étaient eux-mêmes une matière d'émotion pure.

Daniela Lumbroso

à franceinfo

En écoutant une chanson, on ressent cette matière d’émotion pure. C'est comme un cadeau que les auteurs-compositeurs vous font en fait. Celui de vous mettre à portée de cœur, de leurs propres émotions et leurs propres douleurs. C'est Zaz aussi qui dit : "Quand une chanson dit quelque chose que vous ressentez, c'est que d'une certaine manière, vous êtes reconnus. Et quand vous êtes reconnus, vous n'êtes plus seuls".

Comme vous le soulignez une chanson d'amour est faite pour soigner les maux de l'interprète puis le cœur du monde.

C'est très fort, une chanson. C'est Charles Aznavour qui m'avait dit dans une fête de la chanson française : "Aucun auteur au monde n'est comme les auteurs français". Jean-Jacques Goldman disait : "Les Anglo-Saxons ont le son, nous, on a le sens. Nos chansons allient la musique et le texte". Et c'est vrai que moi, je suis venue à la chanson par le texte parce qu'au départ, je lisais de la poésie. Je lisais Victor Hugo quand j'étais petite et je l'adorais et donc je suis venue à la chanson par la poésie et par la langue, parce que la chanson est aussi un beau facteur d'intégration. Le français n'est pas ma langue maternelle. Je parlais italien quand j'étais petite à la maison et du coup, j'ai vécu quand même une certaine difficulté d'adaptation quand il a fallu parler français et que je parlais avec un accent très fort. Les enfants ne voulaient pas jouer avec moi parce que j'avais cet accent-là et du coup, c'est vrai que la chanson m'a permis de bien apprendre le français.

On sent que cette musique fait partie de vous, qu'elle vous habite. Ça veut dire qu'elle vous a sauvé vous aussi ?

Ah oui, elle m'a sauvé. Elle me sauve encore. Elle me met dans un état de joie, de bonheur, d'euphorie. J'écoute beaucoup de musique et je pense qu'on est tous un peu les mêmes à ce niveau-là.

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