Inflation : pourquoi le gouvernement hésite-t-il à lancer une grande conférence sur les salaires ?
Le gouvernement appelle les patrons à augmenter leurs employés. Pour Gérald Darmanin, "il y a un problème des salaires en France". Le ministre de l’Intérieur dit-il vrai ? Le décryptage de Fanny Guinochet.
Ces dernières années, on privilégiait plutôt le fait d’avoir du travail et c’est vrai que les salaires n’ont pas été beaucoup revalorisés. En juin dernier, selon la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), on était à 3,5% d'augmentation sur un an en moyenne, 4% avec les primes, soit moins que l’inflation à 6 %.
De fait, Gérald Darmanin dit donc qu'"il y a un problème des salaires en France" et "qu'un employé doit être rémunéré au juste salaire". Oui, mais attention à l'"effet boomerang" : les 5,5 millions de fonctionnaires dont le point d’indice a, certes, été revalorisé en juillet à 3,5% peuvent dire : "Chiche, augmentez-nous !"
Surtout que des syndicats demandent un retour de l’indexation sur l’inflation, comme le Smic qui a gagné 8% cette année. Le risque est aussi d’alimenter encore l’inflation, de nourrir la boucle infernale prix-salaire. Comme les tarifs progressent, vous demandez à votre patron une augmentation, il vous augmente, mais ça lui coûte plus cher, donc il relève à son tour ses prix, etc : c’est l’emballement.
Un "grand débat" national sur les salaires ?
Faut-il ouvrir une conférence sur les salaires ? L’idée était apparue pendant la campagne présidentielle, mais le camp Macron l’avait abandonnée estimant que la priorité était plutôt la pénurie de main-d’œuvre et que, face au manque de personnel, les patrons augmenteraient de toute façon presque naturellement les salaires. Ces hausses ont bien concerné quelques secteurs comme la restauration qui a négocié une augmentation de 16% mais cela reste un cas relativement isolé. En lançant aujourd'hui une conférence sur les salaire, le gouvernement craint d’ouvrir la boîte de Pandore : chaque entreprise est un cas particulier, avec des marges de manœuvre très différentes. Par exemple, entre TotalEnergies et la PME locale, il y a un gouffre...
D'aillleurs, dans un tweet, Patrick Pouyanné se dit "fatigué" de l’accusation concernant son augmentation de salaire de 52%. Hausse qui correspond, dit-il, à un rattrapage après une modération pendant la crise Covid. Mais, au-delà des 6 millions d’euros reçus cette année par Patrick Pouyanné, se pose la question des écarts de revenus entre les patrons, les employés, et les actionnaires. Sur ce sujet, les Français sont sensibles, très sensibles.
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