Augmentation du Smic à 1 500 euros : des avantages et des inconvénients
Dans un contexte de hausse des prix, Jean-Luc Mélenchon propose d’augmenter le Smic à 1 500 euros, jusqu’alors il proposait 1 400 euros. Reste que la question fait débat chez les économistes. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Augmenter le Smic n’est pas forcément la solution miracle comme le présente le leader de la Nupes Jean-Luc Mélenchon. Pour rappel, après l’augmentation automatique de début mai le Smic est à un peu plus de 1 300 euros net mensuels (sur la base de 35 h). Ça voudrait donc dire une hausse de presque 200 euros, ce qui évidemment serait un sacré coup de pouce pour les deux millions de personnes au Smic mais un coup dur pour les entreprises, surtout celles qui ont beaucoup de main d’œuvre peu qualifiée. Elles seraient sous pression, cela pourrait créer des tensions sociales. Parce qu’une hausse du Smic, ça écrase toute la grille des salaires. Ceux qui sont juste au dessus du Smic demanderaient à être augmentés.
Par exemple celui qui a un salaire de 1 400 euros aujourd’hui, donc au dessus du Smic demanderait un rattrapage pour être au moins au Smic, si ce n’est plus. Du coup, il y aura un effet domino important et il faudrait que les entreprises aient les moyens de suivre et de financer l’ensemble ces hausses, ce qui dans un contexte de croissance en berne, n’est pas gagné.
Risque d’enclencher une boucle inflation-salaire
Dans un contexte d’inflation galopante, si on augmente trop les salaires, les entreprises vont essayer de se rattraper, pour maintenir leurs marges, et donc vont vendre plus cher leur produit, ce qui va encore augmenter les prix et donc les salariés vont demander encore des hausses, etc. Ça peut déstabiliser l’économie, c’est dangereux. C’est pour cela par exemple, qu’Emmanuel Macron préfère en passer par des primes pour aider les salariés à faire face à la hausse des prix : relever la prime d’activité chez les travailleurs les plus pauvres, inciter les entreprises à verser des primes défiscalisées, etc.
Plusieurs économistes mettent en garde : si le Smic est trop élevé, trop haut, comme en France, cela décourage les embauches des moins qualifiés, et cela ralentit donc la baisse du chômage. C’est par exemple la position de Gilbert Cette à la tête du comité d’experts sur le Smic. Mais, d’autres études faites par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) par exemple, sont un peu plus modérées. Tout dépend du contexte : une hausse du Smic peut aussi stimuler la consommation quand l’activité ralentit – ce qui est le cas actuellement – et donc relancer la production des entreprises et au final entrainer des embauches.
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