Épargne : le Livret A peut-il financer le nucléaire et l’économie de guerre ?

Les dépôts sur les Livrets A et Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) ont progressé de presque 3,5 milliards d’euros en février.  Des parlementaires souhaitent piocher dans cette épargne pour payer les grands programmes de construction des centrales nucléaires, ou pour l’économie de guerre.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Près de 8 Français sur 10 possèdent un livret A dont le taux est plafonné à 3% (photo d'illustration, le 19 avril 2023). (DENIS CHARLET / AFP)

Le gouvernement cherche de l’argent et l’épargne des Français serait une piste intéressante, d’autant que les bas de laine des Français continuent de bien se remplir, selon les derniers chiffres de la caisse des dépôts (CDC), publiés mercredi 20 mars. Le livret A et son petit frère le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) ont progressé de presque 3,5 milliards d’euros le mois dernier. Dans les faits, les Français ont mis plus d’argent sur leurs comptes qu’ils n’en ont retiré. Ce n’est pas nouveau, quand ils peuvent mettre de l'argent de côté, les ménages remplissent leurs bas de laine, par précaution, par crainte de l’avenir ou par peur de coups durs ! 

Aujourd’hui, près de 8 Français sur 10 ont un livret A. Le gouvernement a certes plafonné son taux à 3% mais même en période d’inflation élevée, le livret A reste plébiscité. C’est un placement sécurisé, non imposable, souple. Avec l’inflation qui ralentit et passe sous les 3%, le rendement va redevenir positif. L’épargnant va réellement y gagner. De quoi faire grimper encore le taux d’épargne, la part que chaque français met de côté. En France, il atteint aujourd’hui, les 18%, ce qui est beaucoup. C’était 15%, avant la pandémie.

Une manne de 570 milliards d’euros 

Cet argent sur les comptes intéresse le gouvernement, car au total entre le Livret A et le LDDS représentent plus de 570 milliards d’euros qui restent inactifs. De l'argent qui n'est pas injecté dans l’économie réelle, qui n'est pas utilisé pour consommer. On le rappelle, la consommation est le premier moteur de notre croissance. Cet argent n’est pas non plus investi dans des projets ou des équipements, d’où l’idée d’orienter ces sommes dans le nucléaire ou la défense, par exemple.

Normalement, le livret A est fléché pour financer la construction de logements sociaux, mais comme l’État n’a plus d’argent et est très endetté, des parlementaires ont émis l’idée de piocher dans le livret A pour payer les grands programmes de construction des centrales nucléaires, ou pour l’économie de guerre. Il y a dix jours, le Sénat a adopté une proposition de loi sur le financement des entreprises de l’industrie de défense. Le texte doit encore passer à l’Assemblée nationale pour être adopté, mais il n'est pas certain qu’il n’obtienne une majorité.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.