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Covid-19 : en Espagne le tourisme repart en flèche, au Japon les règles de séjour restent strictes

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Japon et l'Espagne deux pays aux stratégies diamétralement opposées en terme d'ouverture des frontières.

Article rédigé par franceinfo, Marie-Hélène Ballestero - Karyn Nishimura
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Des touristes se baladent dans le marché couvert de la Boqueria à Barcelone (Espagne), le 25 avril 2022. (ADRI SALIDO / ANADOLU AGENCY)

Malgré la baisse significative du nombre de nouveau cas de Covid-19 chaque jour en Chine, les autorités ont encore durci les mesures de restrictions à Shanghai, mardi 10 mai. Une stratégie en décalage avec l'Europe qui s'approche d'un retour à la normale comme en Espagne où les touristes reviennent en masse. Au Japon, les frontières s'ouvrent mais plus lentement.

Une reprise encourageante en Espagne

En Espagne, le département des statistiques, l’INE, a publié des chiffres très positifs la semaine dernière. Le pays a accueilli quatre millions de touristes en mars, soit huit fois plus qu'il y a un an. Le pays a ainsi récupéré 71% des touristes étrangers qu’elle avait attirés avant la pandémie de Covid-19. Sur ce même mois de mars 2022, ces voyageurs ont dépensé cinq milliards d’euros, contre 544 millions d’euros seulement en mars 2021, ce qui représente 80% des dépenses de l'avant crise sanitaire.

Sur les trois premiers mois de l’année 2022, près de 10 millions de touristes étrangers sont venus en Espagne, principalement des Britanniques, des Allemands et des Français. Des chiffres qui témoignent du redémarrage du secteur touristique espagnol. Les principales régions ayant bénéficié de cette embellie sont la Catalogne, l’Andalousie et surtout les Îles Canaries. Le président régional, Ángel Víctor Torres, est très satisfait : "Nous avons réussi à stimuler à nouveau le marché touristique des îles Canaries. Ce sont des chiffres magnifiques, au-dessus de nos attentes, et qui sont fondamentaux pour l’économie des Canaries."

"Il est vrai qu’avec l’invasion de l’Ukraine, l’incertitude revient, mais ce qui est évident, c’est que les réservations touristiques et les prévisions sont bonnes."

Angel Victor Torres, président de la région des Iles Canaries

à franceinfo

Le secteur touristique espagnol a beaucoup souffert ces deux dernières années, alors qu’il représentait 12% du PIB et près de 13% des emplois, avant la pandémie. L’Espagne était la deuxième destination touristique au monde derrière la France, avant la crise sanitaire, et elle a beaucoup souffert des restrictions de mobilité internationales imposées pour freiner la pandémie, comme le rappelait à la TVE José Luis Zoreda, vice-président de l’association patronale Exceltur : "Le secteur du tourisme espagnol a traversé 24 mois très sombres, avec des activités très irrégulières, et la trésorerie des entreprises à bout de souffle. D’ici la fin de l’année, il est probable que nous ayons récupéré pratiquement 92 à 93 % de l’ensemble de l’activité de 2019. Cette reprise est encourageante pour le secteur. Et maintenant, nous devons garantir sa viabilité.”

Les autorités espagnoles et les représentants du tourisme sont optimistes mais restent prudents, conscients qu’ils doivent poursuivre la consolidation du secteur.

Le Japon rouvrira (un peu) ses frontières à l'été

En matière de tourisme, le Japon est un des derniers à maintenir des règles strictes, particulièrement vis-à-vis des visiteurs étrangers. Depuis avril 2020, aucun touriste de nationalité étrangère n’a le droit de séjourner dans le pays. Le gouvernement autorise seulement, depuis mars, les voyageurs d’affaires et les étudiants étrangers sous condition. Ils doivent justifier d'un garant d’accueil sur place, une entreprise, une université ou une école. Cependant, à partir de juin à priori, le Japon devrait enfin rouvrir partiellement les frontières aux touristes si on en croit le Premier ministre Fumio Kishida : "Comparé au reste du monde, la réponse du Japon face au Covid-19 est une réussite. En juin, nous allons davantage assouplir les mesures aux frontières de sorte que l’entrée au Japon se face facilement comme dans les autres pays du G7."

>> Covid-19 : au Japon, les habitants ne semblent pas prêts à renoncer au port du masque

Cette déclaration montre que l’exécutif se rend compte du déséquilibre de la situation sachant que les Japonais, eux, sont libres d’aller où il veulent et d’en revenir. Le Japon devrait donc, si tout va bien, être accessible aux touristes cet été. Mais attention, le diable se niche dans les détails. Ce ne seront pas tous les touristes et pas en même temps. Au départ, seuls seront acceptés ceux venant en petits groupes et dans le cadre d’un séjour organisé par une agence de voyage. Des touristes faciles à contrôler. Le nombre d’entrées par jour sera plafonné. Trois doses de vaccin et des tests négatifs seront des conditions indispensables à remplir, comme c’est le cas pour les voyageurs d’affaires.

Les touristes devront rester masqués tout comme le sont partout les habitants du Japon. De plus, tout cela est conditionné à une amélioration continue de la situation épidémique au Japon et à l’absence d’apparition d’un nouveau variant menaçant. La porte ne sera donc pas grande ouverte, d’autant que les citoyens japonais ne sont pas forcément pressés de voir revenir des touristes en nombre, malgré le manque à gagner du secteur. Avant la crise du Covid, en 2019, le Japon avait accueilli 32 millions de visiteurs étrangers et engrangé ainsi 44 milliards d’euros de recettes. Il faudra du temps avant de retrouvrer ce niveau.

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