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Retour des télétravailleurs au bureau : changement de rythme dans les entreprises... et dans la tête des salariés

Avec la nouvelle étape du déconfinement, mercredi 9 juin, le travail à distance n'est plus la norme pour les entreprises : les salariés vont pouvoir mixer télétravail et jours de présence, sur un rythme à négocier.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un homme en télétravail à caue de la pandémie de Covid-19. Photo d'illustration. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

Ce mercredi 9 juin, c'est une nouvelle étape dans le déconfinement et dans la vie des entreprises. Fini la norme du télétravail à 100%. Les salariés qui travaillent à distance depuis des mois voire depuis plus d’un an reviennent progressivement au bureau, quelques jours par semaine pour commencer. À chaque employeur de fixer les règles. 

À la Saur, un groupe spécialisé dans l’eau et l’assainissement, Sandra est chef de projet aux ressources humaines. Depuis le début de la crise, elle est en télétravail comme les 200 salariés du siège, situé en banlieue parisienne. En ce qui la concerne, c'était 100% de travail à distance. Fini donc les deux heures quotidiennes de transport et les bruits dans l’open space.

Mais à partir d’aujourd’hui, elle change de rythme, avec trois jours de télétravail. Désormais, elle reviendra deux jours par semaine au bureau, et elle est un peu inquiète. "Ca trotte dans ma petite tête", dit-elle en riant, "Je me dis qu'il va falloir revenir à la vie normale."

J'appréhende un peu les interactions parce qu'on s'est éloignés les uns des autres. Je n'ai plus de contact avec certaines personnes depuis le mois de mars et là on va se retrouver mais comment ? Il y aura du bruit, du passage. Je sais que je serai un peu moins productive.

Sandra, chef de projet en ressources humaines à la Saur 

à franceinfo

Ichrak, 26 ans, se pose aussi des questions, mais en sens inverse. Embauchée aux ressources humaines en janvier, elle a été autorisée à venir travailler tous les jours, dans un open space quasiment vide. "J'ai hâte d'avoir cette ambiance de travail avec tout le monde", confie-t-elle, "Découvrir les collègues ... Je n'ai toujours pas vu certains d'entre eux, je serai incapable de vous dire à quoi ils ressemblent. C'est ma première expérience professionnelle en CDI et c'est assez déroutant. On est dans une grande boîte mais on ne le voit pas réellement. Juste croiser des gens à la cantine, ça va me changer la vie."

Le retour au bureau des télétravailleurs, la cohésion d’équipe, c’est Alice, la manager du service, qui doit le gérer. Adepte du télétravail, elle est sereine et explique : "Il n'y aura pas de rupture. Je ne passe pas d'un état à un autre, de 'tout télétravail' à 'tout présentiel'. Je n'ai pas de problème à manager de cette manière-là. Si j'ai un collaborateur qui ne veut pas revenir deux jours en présentiel, je n'y verrai pas d'inconvénient. C'est un peu à la carte, on s'organise."

Un nouvel accord sur le télétravail négocié

À la Saur, le télétravail était quasiment inexistant avant la pandémie, mais la crise a bouleversé les certitudes. En février dernier, un accord sur le télétravail a été négocié avec les syndicats. Pour Xavier Savigny, le DRH de la Saur, il aurait été impossible de revenir en arrière : "Je pense que nous aurions manqué de répondre aux aspirations. Si un salarié fait cette demande et qu'on peut répondre à son aspiration, sa qualité de vie va s'améliorer, il va être plus heureux." 

Un salarié plus heureux, c'est quelqu'un qui est plus à l'aise dans l'entreprise et qui contribue plus à la réussite de l'entreprise.

Xavier Savigny, DRH de la Saur

à franceinfo

Après la crise, les salariés de la Saur pourront donc télétravailler entre 0 et 5 jours par semaine, avec l’accord du manager et sur la base du volontariat pour les activités qui le permettent.

Pas de retour à la "vie d'avant"

Cela dit, ce n’est pas encore le grand retour à "la vie d’avant". Il est plutôt prévu pour la rentrée de septembre, si tout va bien. D’ici là, le télétravail demeure la règle, même à plus petite dose. L’épidémie n’est pas terminée et les entreprises restent soumises à un protocole sanitaire assez strict avec encore des jauges à respecter dans les open spaces et les cantines et des consignes en matière de ventilation et d’aération. Les pots entre collègues sont autorisés, mais limités à 25 personnes. Les échanges en audio ou en visio sont recommandés.

Un employeur qui demanderait à tous ses salariés de revenir à 100% au bureau à partir d’aujourd’hui ne respecterait pas le protocole sanitaire, a prévenu le ministère du Travail. Le retour des télétravailleurs est censé se faire progressivement, par étapes jusqu’aux grandes vacances d’été. Dans ce cas, si un télétravailleur ne veut pas revenir du tout au bureau, peut-il dire non à son patron ? En théorie, un salarié qui entrerait dans un bras de fer avec sa direction pourrait s’exposer à un avertissement ou une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, confie un avocat à franceinfo.

Cependant, un salarié peut avoir des arguments pour rester pleinement en télétravail : être enceinte, avoir une comorbidité, ne pas être vacciné et prendre les transports en commun. Il devra avant tout en parler avec son patron, cela doit se régler dans le dialogue. En dernier recours, si l’entreprise n’a pas signé d’accord sur le télétravail ou mis en place une charte, le salarié peut toujours négocier en gré à gré avec son employeur. En cas de refus, ce dernier devra en expliquer la raison.



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