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Reportage
"On envoie plein de moyens en Ukraine mais rien pour les Français" : dans l'Indre, ces électeurs qui voteront RN aux législatives
Comme ailleurs en France, l'Indre votera les 30 juin et 7 juillet aux législatives anticipées, alors que dimanche toutes les communes du département, sauf une qui a voté en majorité Reconquête !, ont placé la liste de Jordan Bardella en tête aux élections européennes. C'est le cas par exemple au Poinçonnet, au sud de Châteauroux. Une commerçante sourit à quelques mètres de l'église : elle est très contente des résultats mais ne parle pas au micro, alors elle renvoie vers deux jeunes attablés en terrasse, Olivier et Justine, 34 et 21 ans. L'un est au chômage, l'autre vendeuse en boulangerie et eux aussi sont très satisfaits par la poussée du Rassemblement national.
"C'était prévisible. Il faut essayer autre chose. Je me dis qu'on n’a rien à perdre à essayer un autre parti", lance Olivier, qui votera RN à la fin du mois, une évidence pour lui. "Macron, ça fait un moment qu'il est au pouvoir et il n'y a rien qui change. Ça a même empiré, quand on voit le prix des factures d'électricité. On est un pays qui produit lui-même de l'électricité et on paie des factures astronomiques." "Le pays se dégrade de plus en plus", renchérit Justine.
"On a fait des courses il n'y a pas longtemps, on n'a même pas rempli le caddie et on en a eu pour plus de 200 euros. Il ne faut pas abuser non plus. On n'avait pas de marques, on n'avait rien de spécial."
Justine, 21 ansà franceinfo
"Nous, on est jeunes, c'est galère, il ne faut pas se mentir, ajoute Olivier. Il faudrait peut-être qu'on s'occupe déjà des Français avant de donner des milliards aux autres. On envoie plein de moyens en Ukraine mais il n'y a rien pour les Français."
Selon une enquête Ipsos, le vote RN bondit dans toutes les catégories d'âge, de sexe, de profession, sauf dans celles les plus aisées. Ici au Pointçonnet, il y a cinq ans, les 2 700 votants avaient placé Renaissance légèrement en tête. Cette année, la liste de Valérie Hayer perd une centaine d'électeurs, celle de Jordan Bardella double son score, largement devant avec plus de 36% des suffrages. Le succès est le même dans les villes voisines. Certains pointent du doigt l'immigration et presque tous évoquent la montée de la violence, avec la mort de Matisse, 15 ans, poignardé fin avril à Châteauroux, la préfecture de l'Indre.
La crise agricole parmi les préoccupations
Les sujets locaux, nationaux et européens se mélangent, avec dans ce département rural une préoccupation majeure concernant la crise des agriculteurs. Elle a laissé des traces ici, notamment à Martizay, environ 900 habitants, à l'ouest du département, avec 39% de votes pour la liste d'extrême droite. Près de la mairie, Gwenaëlle Georges tient un magasin de couture. "Je refais un décolleté pour une robe dentelle." Elle s'arrête et s'agace en parlant des agriculteurs. "Les pays ne sont pas coordonnés, nous la France on est interdit de faire certaines choses. Alors que l'Allemagne qui est censée être dans l'Europe comme nous, a le droit de faire certaines choses qu'on n’a pas le droit de faire. L'Europe est censée être un 'grand État', et dans cet État-là, les petits États ne sont même pas capables de s'entendre."
Alors Gwenaëlle, qui ne se dit pas fermée au RN, s'est abstenue aux européennes et n'est pas sûre de voter aux législatives. Face au bureau de poste qu'elle a peur de voir disparaître, elle souffle : "Ces politiques sont trop loin de mes préoccupations du quotidien".
Et pourtant, la campagne des législatives démarre officiellement dans une petite semaine. Quel groupe obtiendra la majorité le 7 juillet ? La gauche, espère Bernadette, qui a voté PS-Place publique dimanche. Elle s'arrête de jardiner, encore sous le choc des résultats dans sa commune du Pêchereau.
"Moi j'aimerais bien que les gens réfléchissent un petit peu plus à l'Histoire. Et puis qu'on ne se machine pas derrière quelque chose qui n'est pas sain."
Bernardette, habitante du Pêchereauà franceinfo
Dans cette commune à 30 minutes de Châteauroux, là aussi le RN vire en tête à plus de 35% des voix, une première pour des européennes. Bernadette craint le même résultat aux législatives. "La dissolution, je ne la comprends pas, confie-t-elle. Ça va être une cohabitation, parce que les gens ne vont pas réfléchir à ce point-là, ils vont être dans leur lancée. Alors on se bat comme on peut."
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