Ligne 14, Grand Paris Express, personnel... Trois questions sur l'offre de transports en Île-de-France pour Paris 2024

À 100 jours du début des JO 2024 à Paris, l'offre de transport fait débat. Plusieurs centaines de milliers de voyageurs supplémentaires sont attendus chaque jour.
Article rédigé par franceinfo
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Les nouvelles rames de la ligne 14 sont réceptionnées et testées au site de maintenance et de remisage (SMR) de la RATP à Morangis, dans l'Essonne. (RAPHAEL EBENSTEIN / FRANCEINFO)

Pour les Jeux olympiques 2024, le réseau de transport à Paris et dans sa région attend de 600 000 à 800 000 voyageurs supplémentaires par jour. Mais l'offre de bus, métros, RER et tramways sera-t-elle à la hauteur de cet événement mondial ? La principale - voire seule - nouveauté en vue est le prolongement de la ligne 14 du métro, au sud jusqu'à l'aéroport d'Orly et au nord jusqu'aux abords du Stade de France. Voici trois questions qui se posent pour les transports franciliens avant ces Jeux olympiques.

Quand la "nouvelle" ligne 14 sera-t-elle prête ?

Cette ligne 14 constituera l'épine dorsale des Jeux, selon la RATP. Avec 800 000 voyageurs prévus au quotidien, soit 150 000 de plus qu'actuellement, ce prolongement de la ligne 14 automatisée devrait être effectif lors de la deuxième quinzaine de juin. Le timing est serré et la pression est grande pour Jean Castex, le PDG de la RATP. "Il n'y a pas un jour sans qu'on ne repère, avec les équipes, où se situe le petit grain de sable susceptible de contrarier ces délais. Il faut finir de réaliser les gares, faire passer les commissions de sécurité... Jusqu'ici, tout va bien", assure l'ancien Premier ministre.

Prochaine étape cruciale d'ici un mois : la "marche à blanc". Les rames feront le parcours complet mais sans voyageurs sur les nouvelles portions de la ligne. En parallèle, la RATP réceptionne de nouvelles rames livrées par Alstom à Morangis, près d'Orly. Dans un centre de maintenance ouvert l'an dernier, le plus grand d'Île-de-France, 10 000 m2 de bâtiments s'étalent sur plus de 6 hectares.

Avec 800 000 voyageurs prévus au quotidien, soit 150 000 de plus qu'actuellement, ce prolongement de la ligne 14 automatisée devrait être effectif lors de la deuxième quinzaine de juin. (RAPHAEL EBENSTEIN / FRANCEINFO)

Les rames y sont évidemment testées avant d'obtenir l'homologation nécessaire : "Ce sont des essais mécaniques, d'accrocher les voitures ensemble, explique François Fumat, responsable de la maintenance du matériel de la ligne 14. Ensuite on a tous les essais de freins, on contrôle le serrage des roues, on fait tous les contrôles sécuritaires nécessaires avant de pouvoir commencer à faire rouler la navette." La RATP espère pouvoir disposer d'une cinquantaine de rames sur la ligne 14 au moment des JO, au lieu de 35 seulement aujourd'hui.

Où en sont les autres lignes du Grand Paris Express ?

Mais cette mise en avant de la 14 semble un moyen de faire oublier que d'autres lignes ne seront pas prêtes pour les JO. Le dossier de candidature de Paris 2024 était en tout cas plus fourni, avec la promesse de disposer de plusieurs tronçons des lignes 15, 16 et 17 du réseau Grand Paris Express. La Société des grands projets qui doit les construire a dû reporter les ouvertures pour fin 2025 ou fin 2026, en raison d'aléas techniques et de retards de chantiers liés au covid, justifie-t-elle.

La RATP espère pouvoir disposer d'une cinquantaine de rames sur la ligne 14 au moment des JO, au lieu de 35 seulement aujourd'hui. (RAPHAEL EBENSTEIN / FRANCEINFO)

Ce contraste avec la ligne 14 semble toujours agacer Valérie Pécresse, la présidente d'Île-de-France Mobilités, l'autorité organisatrice des transports. "Si on arrive à le faire dans les délais quand il y a les Jeux, ce serait bien que la mobilisation soit aussi grande pour la livraison du futur RER B, pour l'ouverture de la ligne 15 Sud, ainsi que les 16 et 17, bref pour toutes les autres lignes !", fustige-t-elle.

À défaut de ces nouvelles lignes du "Grand Paris Express", et même si cela va globalement peu concerner les spectateurs des JO, trois autres prolongements, en plus de la ligne 14, sont ou seront achevés d'ici là : le RER E, la ligne 11 du métro, et la ligne T3B du tramway qui dessert désormais la porte Maillot, où sera installé le centre principal de presse des Jeux.

Le réseau existant et le personnel tiendront-ils pendant les Jeux ?

Au-delà de la question de ces nouvelles lignes ou de ces prolongements, le réseau existant doit aussi tenir le choc pendant les JO. Laurent Djebali, secrétaire général de FO, le principal syndicat de conducteurs de métros et de RER, pronostique que ce sera le cas. "À chaque fois qu'il y a eu un gros événement, les salariés de la RATP ont répondu présent", assure-t-il. Il dénonce le "bashing" ("dénigrement") qui est souvent effectué, alors que "le transport est quelque chose qui marche bien". La RATP semble s'être organisée, entre recrutements et reports de congés, afin d'assurer une offre 15% supérieure à celle de l'été dernier.

Il n'existe pas non plus d'inquiétude générale plus du côté des usagers. Mais il y a au moins un point de vigilance particulier pour Marc Pélissier, président de la FNAUT IDF, la principale association : "Il y a des sites olympiques dont la desserte va être difficile, prévient-il. Du côté du Parc des Princes - Rolland-Garros, il va falloir que les visiteurs trouvent des alternatives. Il va y avoir des navettes de bus supplémentaires, parce que les lignes 9 et 10 ne pourront pas tenir le choc si tout le monde veut les prendre en même temps."

La desserte du Stade de France devrait en revanche s'avérer plus facile, même si cela supposera un peu de marche pour les voyageurs, depuis le nouveau terminus de la ligne 14 à Saint-Denis. Ce qu'a déjà plusieurs fois rappelé Valérie Pécresse, suscitant quelques railleries.

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