Covid-19 : après le flop de StopCovid, la nouvelle version de l'application de traçage TousAntiCovid réussira-t-elle à décoller ?
Après l'échec de sa première mouture, téléchargée moins de trois millions de fois en France, cette nouvelle application, censée être plus attractive, mettra l'accent sur la prévention et l'information de la population.
Ne l'appelez plus StopCovid, mais TousAntiCovid : la nouvelle version de l'application de traçage des contacts des malades du coronavirus doit être mise en ligne jeudi 22 octobre à 17 heures lors d'un point presse du Premier ministre sur l'épidémie de Covid-19. Le gouvernement veut faire oublier le flop de la première application, mais l'objectif reste le même : alerter les Français qui ont côtoyé un malade.
Encore faut-il que les Français se servent de cette application. Laurent l'a utilisée durant... un mois. "J'ai téléchargé la première application mais ça n'a pas très bien marché, concède-t-il, parce qu'en fait dès que je mettais mon téléphone en mode nuit le soir, l'application ne redémarrait pas automatiquement le matin". Selon lui, ce n'était "pas très facile à utiliser".
Il fallait que je pense systématiquement à la remettre en route.
Laurent, utilisateur de StopCovidà franceinfo
Laurent fait tout de même partie des bons élèves, car la plupart des personnes interrogées n'ont pas fait la démarche, soit par désintérêt, soit parce qu'elles n'ont pas envie de s'embêter avec une application qui potentiellement use la batterie. Le constat est clair : StopCovid est un échec. Un peu moins de trois millions de téléchargements, plus d'un million de désinstallations et à peine 800 personnes alertées pour avoir été en contact avec un malade.
Les détracteurs de StopCovid en première ligne
Pourquoi un tel fiasco ? Selon Cédric O, l'application a été lancée trop tôt, à la fin du confinement, au moment où la première vague s'était calmée. Le secrétaire d'État au numérique avance aussi un manque de pédagogie pour convaincre des Français parfois réticents.
Effectivement, StopCovid a ses détracteurs, comme La Quadrature du Net, association qui lutte contre la censure et la surveillance sur internet. "L'échec a été annoncé par tout le monde, que ce soit par les techniciens ou les personnes qui s'intéressent à la politique, affirme Arthur Messaud, juriste membre de l'association. On avait très bien vu une grosse défiance de la part de la population, à laquelle on a contribué car on a dénoncé cette application comme étant soit un contre-feu des échecs de Macron sur la politique sanitaire, soit aussi une façon d'acclimater la population à être suivie, tracée constamment, et ça, la population a très bien compris qu'elle ne voulait pas de ça, elle a rejeté massivement."
L'échec était non seulement prévisible, mais il faut s'en réjouir. C'est la preuve qu'on reste une population politisée qui fait attention à ce qu'on lui met dans son téléphone.
Arthur Messaud, juriste membre de La Quadrature du Netà franceinfo
Malgré les critiques, une nouvelle application est donc lancée, et les concepteurs espèrent qu'elle n'aura pas le même destin que sa grande soeur. Néanmoins, ne vous attendez pas à une grande révolution : il s'agit d'une mise à jour pour rendre l'application plus attractive. Vous pourrez ainsi avoir des informations pratiques, comme les chiffres de l'épidémie de la région où vous habitez, ou la liste des laboratoires où vous pouvez vous faire dépister. Le système, lui, reste le même, avec l'activation du bluetooth et le QR Code pour se déclarer si l'on est malade.
La communication, clé de la réussite
Mais est-ce suffisant pour séduire les Français ? Cela dépendra beaucoup de la communication, reconnaît Cédric O qui compte sur des relais pour faire passer le message, comme des professionnels de santé. Martial Fraysse est membre de l'Académie de pharmacie et signataire d'une tribune pour promouvoir le système. "Une application qui marche, c'est une application qu'on utilise. Si tout le monde dit : 'Ça ne sert à rien', c'est sur que ça ne servira jamais à rien, martèle le pharmacien. Si vous avez à prendre des transports en commun, si vous voulez prendre soin de vous et de vos proches, il faut télécharger l'application."
On a un système automatique qui permet de se responsabiliser soi-même. Quand on voit le nombre de patients qui commence à augmenter, il faut être autonome et être capable de se dire : 'Je vais faire ça'.
Martial Fraysse, membre de l'Académie de Pharmacieà franceinfo
Pour que TousAntiCovid soit vraiment efficace, il faudrait qu'au moins 60% de la population l'ait installé sur son téléphone, soit 15 fois plus de téléchargements que pour la première application.
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