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Mayotte : un rapport parlementaire préconise de répartir les migrants comoriens sur l'ensemble du territoire français
À Mayotte, le système de santé est "une bombe à retardement". C'est ce que décrit ce mercredi un rapport parlementaire que franceinfo a pu consulter en exclusivité. Ce rapport, rédigé par deux élus, Laurent Marcangeli, député Horizons de Corse, et Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte, est présenté en plein débat sur l'immigration et livre pour la première fois des chiffres sur la santé à Mayotte. Ce rapport de 75 pages décortique les enjeux et impacts des flux migratoires.
Ce rapport fait d'ailleurs un parallèle inédit : une comparaison entre l’île grecque de Samos, l’Italienne de Lampedusa et la Française de Mayotte. On apprend que ces trois territoires, en proie à une importante immigration illégale, ont les mêmes problèmes, avec des services publics asphyxiés (sécurité, santé, éducation…), des difficultés d’approvisionnements (en eau et nourriture). Mais si ces trois îles sont au sein de l'Union européenne, toutes n’ont pas la même gestion de la question migratoire.
À Mayotte, 90% des consultations en PMI sont des mères comoriennes
L’Italie et la Grèce, qui ont connu un afflux massif en 2015, ont mis en place des centres d’accueil, des "hotspots" pour enregistrer les réfugiés et des transferts des îles vers le continent pour les migrants. Alors qu’à Mayotte, l’absence de prise en charge a fait naître des bidonvilles que l’Etat tente actuellement de démanteler. Mayotte, décrite dans ce rapport comme "une bombe à retardement". Mayotte où le système de santé est en surchauffe. C’est devenu un lieu commun, mais pour la première fois, les députés ont obtenu des chiffres de l’ARS, l’Autorité de Santé de Mayotte.
On savait que Mayotte était la plus grande maternité d’Europe. 90% des consultations en PMI sont des mères comoriennes, mais on apprend aussi que l’an dernier, l’Hôpital de Mamoudzou a soigné presque autant de Français que d’étrangers. 93 626 Français contre 85 567 étrangers. Une quasi-égalité dans le nombre de patients. Sauf que Mayotte ne dispose pas de la fameuse AME, l'aide médicale d’Etat. Ça veut dire que toutes ces dépenses de santé réalisées pour les étrangers sont faites sur le budget de l’Hôpital de Mayotte, elles ne sont pas compensées par la dotation de l’Etat de l’AME. Ça n’existe évidemment dans aucun autre département et cela pèse sur la santé des Mahorais.
Faut-il répartir les migrants comoriens sur l'ensemble du territoire français ?
Le rapport fait enfin des recommandations avec notamment l’instauration de l’Aide Médicale d’Etat à Mayotte pour que le budget de la santé sur l’île ne soit plus amputé de moitié par les dépenses de santé des étrangers. L’AME pourra ainsi compenser. Le rapport demande aussi le renforcement des patrouilles entre Mayotte et les Comores.
Enfin, beaucoup plus explosif : le rapport préconise la fin du "Visa Territorialisé à Mayotte", un léger détail qui fait qu’un Comorien régularisé ne peut pas quitter Mayotte. En effet, Mayotte est une exception à la règle : deux titres de séjour coexistent, le local qui est plutôt une autorisation temporaire de résidence et un autre de 10 ans, le même que celui délivré par toutes les préfectures de France.
Or, cette carte de séjour "territorialisée" sur l'île est au coeur d'une polémique : les bénéficiaires bloqués sur l'île ne peuvent quitter le département sauf s’ils remplissent les conditions précises définies par l'adminisration, avec notamment des "attaches familiales en France", des "services rendus à la France" ou si le demandeur bénéficie "d'une protection internationale". De nombreux élus mahorais demandent par ailleurs la levée de la restriction depuis des années, sans succès.
Faire sauter ce verrou permettrait de répartir sur l’ensemble du territoire français l’immigration comorienne. Une proposition qui ne manquera pas de faire parler en plein débat sur l’immigration.
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