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Le brief éco. Secteur automobile : quand l’innovation freine l’investissement

Après plusieurs années dynamiques, les constructeurs automobiles ont étonnamment moins investi sur leurs sites de production en 2016. C’est ce que révèle une étude du cabinet Ernst and Young. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'usine Renault de Flins-sur-Seine le 3 février 2017 (ERIC PIERMONT / AFP)

Une étude du cabinet Ernest and Young montre que les constructeurs ont moins investi sur leur site de production en 2016. Le cabinet a pris en compte les seize principaux groupes automobiles dont PSA, Renault, Volkswagen, Fiat-Chrysler, General Motors et Toyota. Le nombre total de projets d’investissements est passé de 179 en 2015, à 98 en 2016. Des investissements particulièrement freinés en Europe de l’Ouest et en Chine (pourtant le premier marché automobile mondial). Les Etats-Unis sont restés la première destination, notamment pour le design, devant l’Allemagne et l’Argentine.

Au total, cela fait 16 milliards d’euros d’investissements dans des usines plus modernes, trois fois moins qu’en 2015 

Comment s’explique ce repli ?

Paradoxe : c’est l’innovation qui a freiné l’investissement. Après avoir investi quelque 140 milliards d'euros entre 2012 et 2015, la priorité des industriels de l’automobile n’est plus à la construction d'usines mais à la technologie et la recherche. C’est la conséquence de la mutation rapide de nos voitures : le tout électrique, le tout électronique, le véhicule autonome, la conduite assistée…

Construire des usines passe désormais au second plan. Les grands groupes ont fait le choix de mettre l’argent dans la recherche et le développement, l’innovation devient la pompe aspirante. Pour autant, cela ne veut pas dire que les investissements matériels, physiques, dans des usines en briques et en béton, ne reviendront pas. Mais les industriels marquent une pause de ce côté-là.

Facteurs géopolitiques 

Les chiffres publiés par Ernst & Young ont été agrégés sur les deux dernières années. On peut donc considérer qu’ils n’intègrent pas les deux derniers événements majeurs sur le plan international : l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et le Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Europe, qui doit être actée cette semaine par le gouvernement britannique. En revanche, ces deux éléments pèseront sans doute dans les prochaines statistiques.

Mutation industrielle

En clair, c’est à une mutation importante à laquelle nous assistons en ce moment. Cette enquête d’Ernst & Young en est la preuve et l’illustration parfaite. Pour l’automobile, l’innovation est un enjeu majeur de compétitivité face à la concurrence internationale, en plus des mouvements de concentrations auxquels nous assistons. Après Renault-Nissan qui a pris 34% dans le capital de Mitsubishi en mai 2016, il y a le rapprochement PSA-OPEL et les ambitions de Volkswagen pour Fiat-Chrysler.

Les investissements du secteur auto vont vers plus de flexibilité. On peut imaginer un mouvement identique dans d’autres branches d’activité.

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