Le billet vert. La gratuité des transports en commun en réflexion
Une trentaine de communes françaises sont passées plus ou moins récemment à la gratuité des transports en commun. D'autres y réfléchissent.
Parier sur les transports en commun, ça marche ! Une enquête d’Île-de-France mobilité publiée mercredi 13 novembre montre que l'usage de la voiture a reculé de près de 5% depuis 2010 dans les trajets du quotidien. Certaines villes envisagent même de rendre les transports en commun gratuits.
C'est un débat qui ressort souvent avant les élections municipales mais aujourd'hui l’expérience concerne plus d’une trentaine de villes en France sur la gratuité des transports en commun. Dunkerque, la plus grosse agglomération européenne à l’avoir mise en place fin 2018, a vu la fréquentation de ses bus grimper de 65% la semaine en à peine un an.
Un risque de saturation des réseaux
En Île-de-France, l'abandon de la voiture s'est accompagné d'une saturation des transports en commun aux heures de pointes sur certaines rames, selon les données de la RATP. La ligne 13 atteint parfois plus de quatre personnes au mètre carré. À Lyon il y a eu une hausse de la fréquentation de 15% dans le tramway par exemple, mais c'est dans le métro que les voyageurs ressentent aussi cette hausse de charge. Plusieurs facteurs expliquent cette saturation : plus d'habitants, plus d'offres et finalement il n'y aurait que 2% des ex-automobilistes dans le bus par exemple. Là où la gratuité fonctionne plutôt bien, c’est plutôt dans de plus petites agglomérations. À Niort, par exemple, un quart des bus n’avait que cinq voyageurs à bord avant la gratuité, depuis la fréquentation a grimpé de 20% mais dans le même temps, il a fallu supprimer des lignes. Aujourd’hui, nos abonnements, nos tickets financent 30% en moyenne de nos transports en commun, le reste est financé par les employeurs et les impôts locaux. À Dinan, contrôler les tickets coûtait plus cher que ce que les ventes aux voyageurs rapportaient. Rendre gratuit les transports en commun doit faire aussi l'objet d'un calcul économique pour les élus qui réfléchissent à la gratuité en cette période de campagne électorale comme à Tours, à Clermont, Grenoble, la Roche-sur-Yon à Lille et à Paris.
Il faut plus pour faire baisser la pollution
En général, la gratuité ne suffit pas à faire baisser la pollution de l'air et les bouchons. À Dunkerque, la présence du site d’Arcelor Mittal ne permet pas vraiment de voir baisser les polluants. Sortir les voitures les plus polluantes, réduire leur place a un effet en revanche. Il faut surtout plus de lignes, plus de fréquences, plus d’options de transports : auto-partage, vélo, les trottinettes. Ce qui marche c'est de trouver les transports en commun plus pratiques que la voiture individuelle. Mais à Dunkerque la gratuité participe à une petite révolution verte quand même, parce que cela allège le travail des chauffeurs de bus qui n'ont plus besoin de gérer la caisse. Les commerçants ont vu leur fréquentation grimper de 20% et les parkings du centre-ville se vident si bien que la mairie envisage d’en faire des logements et des espaces verts et ça, c’est mieux pour la qualité de l’air.
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