Comment des scientifiques entendent ressusciter le dodo, cet oiseau disparu
La biotech Colossal a annoncé il y a quelques jours avoir levé 150 millions de dollars pour donner vie à un dodo d'ici six ans. Elle avait déjà des projets similaires : ressuscite le mammouth laineux disparu il y a des milliers d'années et le loup de Tasmanie éteint depuis près de cent ans. Les scientifiques entendent utiliser la technique CRISPR/cas9, appelée aussi "ciseaux moléculaires".
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Cette invention a été saluée par un prix Nobel de Chimie il y a deux ans, et permet aujourd'hui de guérir certaines maladies génétiques. Pour le dodo, très schématiquement, les chercheurs souhaitent utiliser un ruban d'ADN de dodo prélevé sur des spécimens morts et conservés.
Un hybride et des questions éthiques
Avec les ciseaux moléculaires, ils vont en découper un morceau, et l'insérer, le coller sur un ruban d'ADN d'un pigeon de Nicobar, pigeon génétiquement assez proche du dodo. L’ADN obtenu sera placé dans un œuf, et l'embryon donnera un animal qui ne sera pas un dodo à 100%, mais une sorte de mélange, d'hybride des deux espèces.
La société Colossal avance qu'en recréant des dodos, cela aidera la recherche sur les oiseaux, la recherche sur la santé humaine et cela favorisera la biodiversité. Mais une partie de la communauté scientifique est opposée à ces projets. Elle s’interroge. Est-il souhaitable, éthique, de redonner naissance à des espèces éteintes, ce qu’on appelle la "désextinction" ? Dans quel environnement aussi ?
Dans les films de la franchise Jurassic Park, la cohabitation entre les dinosaures et les hommes ne se déroule jamais bien. Là, de nombreux chercheurs estiment que les espèces ressuscitées (le dodo et le mammouth) ne seraient pas forcément adaptées à leur environnement qui a bien changé depuis leur disparition. Leur arrivée pourrait aussi perturber le nouvel équilibre, l'écosystème actuel. Enfin, les opposants au projet regrettent que ces 150 millions de dollars investis ne soient pas plutôt consacrés à la conservation des espèces aujourd'hui menacées.
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