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Une start-up américaine tente de redonner vie à un oiseau disparu depuis quatre siècles

Ce n’est pas "Jurassic Park", mais ça y ressemble. Une entreprise américaine tente de ressuciter le dodo, vu pour la dernière fois sur l’île Maurice, au XVIIe siècle.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Portrait d'un Dodo, un oiseau incapable de voler qui s'est éteint au 17ème siècle au Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, en 2019. (ALAIN PITTON / NURPHOTO / VIA AFP)

C'était un oiseau de la famille des pigeons, mais qui ne volait pas. Il n'était pas forcément très élégant, il était grand - un mètre de haut -, et pouvant peser, croient savoir les scientifiques, plus de 20 kg : son nom est bien connu, il s'agit du dodo. 

L’arrivée des humains sur l’île Maurice a entraîné la disparition du Dronte de Maurice en quelques décennies, et pas forcément parce que les marins portugais et néerlandais débarqués sur l’île de l’océan indien l’ont dévoré pour se nourrir. Apparemment, il n’avait d'ailleurs pas bon goût du tout. Sa disparition a été provoquée plutôt à cause des autres animaux que les humains ont emmenés avec eux, tels que des chiens, des chats, des porcs, des rats. Puisque le dodo ne volait pas et qu’il n’avait pas de prédateur avant l’arrivée des humains, il ne construisait pas ses nids en hauteur : très facile donc, de s’approcher du nid et de manger les œufs. Autant d'éléments qui ont donné des idées à la start-up américaine Colossal, installée au Texas : elle explique qu’il est un symbole d’une espèce disparue à cause de l’homme et elle veut donc lui redonner la vie.

La start-up texane financée notamment par la CIA

Une résurrection réalisée en s’appuyant sur le génome du pigeon de Nicobar, dans l’océan Indien lui aussi, l’animal qui s’en rapproche le plus aujourd’hui, ainsi que sur l’ADN prélevé sur des os de dodos retrouvés à travers le temps. Évidemment, il faut ensuite mener un travail extrêmement complexe qui prendra sans doute des années.

Colossal espère, ensuite, collaborer avec les autorités mauriciennes pour le réintroduire dans son habitat. Beth Shapiro, une chercheuse de l’université de Santa Cruz en Californie, spécialiste de l’animal - elle arbore d'ailleurs un tatouage de dodo - et qui conseille la start-up Colossal, prévient qu’il est impossible de recréer une espèce absolument identique. L’environnement sur l’île Maurice a trop changé en 400 ans. Le projet, d’ailleurs, est critiqué par d’autres scientifiques. Ne serait-ce que sur le plan éthique. Et puis, pourquoi recréer une espèce disparue plutôt que chercher à préserver celles qui sont menacées ?


 
En tout cas, l’idée séduit et suscite la curiosité. Colossal, lancée il y a deux ans au Texas, a déjà levé 225 millions de dollars. Il faut dire que la société cherche aussi à faire renaître le mammouth et le loup de Tasmanie. Parmi les investisseurs, l’acteur Chris Hemsworth - le super-héros Thor au cinéma -, les jumeaux Winkelvoss - ceux qui clament que Mark Zuckerberg leur a volé l’idée de Facebook -, la starlette Paris Hilton, mais aussi In-Q-Tel, la branche financière de la CIA.

Si vous vous inquiétez de scientifiques qui se prennent pour "Mère nature", la présence de l’agence du renseignement américain ne rassure pas forcément. Mais au-delà de la résurrection d’espèces disparues, Colossal dit que son travail peut aider à terme la santé, l’agriculture et les Etats-Unis, en renforçant leur avance technologique. Ce qui peut expliquer l’intérêt de la CIA. 

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