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Présidentielle 2022 : quel rôle pourra jouer Éric Zemmour dans les prochaines semaines ?

Nouveau venu dans la course à l’Elysée, Éric Zemmour semble à la peine en cette fin de campagne. L'occasion, aussi, de mesurer son impact sur cette élection.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour, le 22 mars 2022 à Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Toussaint au zénith, Pâques en chute libre : c’est le proverbe qui pourrait résumer la trajectoire du polémiste d’extrême droite. Éric Zemmour a réussi une percée spectaculaire à l’automne, jusqu’à dépasser Marine Le Pen. Il occupait alors le terrain médiatique, imposait ses thèmes, ses obsessions identitaires et d’abord le fantasme complotiste du "grand remplacement". Il atteignait le niveau de 17% d’intentions de vote dans les sondages et apparaissait en situation de se qualifier pour le second tour. Et puis, à force de multiplier les provocations, de se radicaliser, il a inquiété de plus en plus, jusque parmi ses soutiens. Et il a nettement reculé jusqu’à 8,5 % d’intentions de vote dans la dernière livraison de l’institut Ipsos-Sopra Steria.

La guerre en Ukraine l’a clairement pénalisé. Il faut dire qu’Éric Zemmour n’a jamais caché sa "poutinophilie". Il rêvait même d’un "Poutine français" et répétait jusqu’à la veille de l’invasion que jamais le président russe n’attaquerait l’Ukraine. Mais après tout sa concurrente d’extrême droite, largement aussi fan de Poutine et liée financièrement à une banque proche du Kremlin, n’a pas souffert elle de cette dépendance. Sans doute parce qu’Éric Zemmour n’a pas même su faire preuve de compassion à l’endroit des réfugiés ukrainiens, ces femmes et enfants fuyant les bombes russes. Il a commencé par vouloir leur fermer leurs frontières, avant de se raviser et d’expliquer que la France pouvait en accueillir une partie tant que la guerre continue…

Et après le premier tour, quel rôle pourra-t-il jouer ?

Un rôle s'écrit déjà : celui de supplétif. Et ce n’est pas celui auquel aspirait Éric Zemmour. Il rêvait de faire exploser le RN et LR pour prendre la tête de ce qu’il appelle "l’union des droites", c’est mal parti. Il peut encore devancer Valérie Pécresse, contribuer à achever les Républicains. Il a déjà dit qu’il serait candidat aux législatives et que son mouvement Reconquête! investirait de nombreux candidats.

Mais c’est Marine Le Pen qui a affermi son leadership à l’extrême droite. Et le pire, c’est que c’est grâce à lui. Éric Zemmour lui a servi d’"idiot utile", c’est-à-dire d’allié involontaire. Il a été tellement brutal et radical qu’il l’a aidé, par contraste, à adoucir son image. Entre les deux tours, Éric Zemmour, qui devait appeler à voter pour elle, peut lui apporter un coup demain décisif pour l’aider à entrer à l’Elysée. A moins que ce soutien ne finisse par plomber Marine Le Pen qui répétait il y a peu que son concurrent était entouré de "nazis"…

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