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Présidentielle 2022 : le ralliement d'Eric Zemmour gêne la stratégie de camouflage de Marine Le Pen

Dès le soir du premier tour, Eric Zemmour a appelé à voter Marine Le Pen. Mais en cas de victoire, la candidate du RN affirme qu’elle ne prendrait ni Eric Zemmour, ni Marion Maréchal dans son gouvernement. 

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Affiches électorales d'Eric Zemmour et Marine Le Pen poiur le premier tour de l'élection présidentielle, à Paris le 7 avril 2022 (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Marine Le Pen semble gênée par ce ralliement, il faut dire qu’il fait un peu tache quand on prétend à la banalisation. À l’extrême droite, Eric Zemmour, c’est le grand oncle un peu gênant, celui qui parle trop fort et trop cru en bout de table, dans les réunions de famille. Il y a quelques semaines, Marine Le Pen l’a carrément accusé d’être entouré de "nazis". La candidate du RN a besoin de ses deux millions d’électeurs, mais elle se pince le nez.

Impossible de se réjouir haut et fort du ralliement d’Eric Zemmour et de Marion Maréchal quand on prétend endormir voire séduire l’électorat insoumis pour entrer à l’Elysée. Au fond, Marine Le Pen poursuit sa stratégie de camouflage, celle qui lui a si bien réussi au premier tour quand elle s’est déguisée en candidate du pouvoir d’achat et des vidéos de chats.

Sur le fond, des programmes jumeaux

Ils ne diffèrent, un peu, que sur le social. Mais sur tous les sujets régaliens et internationaux, leurs programmes sont siamois. Sur l’immigration, ils préconisent tous les deux la suppression du droit du sol pour le remplacer par le droit du sang, la fin du regroupement familial, une réduction drastique du droit d’asile, l’interdiction du port du voile dans tout l’espace public ou encore l’instauration de la "préférence nationale", c’est-à-dire une mesure discriminatoire visant à réserver emplois, logements et aides sociales aux seuls Français.

Ils prônent également tous deux le retour des peines planchers et l’instauration de la présomption de légitime défense pour permettre aux policiers et gendarmes d’user plus librement de leurs armes. Et sur le plan international, ils souhaitent remettre en cause certains traités européens, quitter le commandement intégré de l’Otan ou encore nouer une alliance de sécurité avec la Russie.

Opposition de pure forme

C’est d’ailleurs ce qu’a répété Marine Le Pen pendant des mois quand Eric Zemmour était haut dans les sondages et qu’elle voulait lui siphonner ses électeurs. Elle lui reprochait son style, sa proposition d’interdire les prénoms étrangers, mais pour le reste, "nous sommes d’accord sur tout", disait-elle, en déplorant qu’il "divise le camp national", c’est-à-dire l’extrême droite. Marine Le Pen avait même reproché à sa nièce Marion Maréchal de ne pas rejoindre le candidat le mieux placé comme elle s’y était engagée. Gageons qu’au pouvoir demain, la grande famille de l’extrême droite saura se réconcilier pour gérer le pays main dans la main.

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