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Édito
Risques de coupures d'électricité : derrière le coup de gueule d'Emmanuel Macron, la peur du "grand déclassement"

Emmanuel Macron s’est fâché hier contre ceux qui propagent des "scénarios de la peur" en annonçant des coupures d’électricité. Qui vise-t-il et pourquoi ce coup de colère ? L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron, le 22 novembre 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le chef de l’Etat en a marre : marre d’une communication gouvernementale qu’il juge trop anxiogène. Et qui a été aggravée par une sortie du porte-parole d’Enedis, le groupe qui gère le réseau électrique. Lundi soir, celui-ci avait affirmé qu’en cas de coupures de courant, les "personnes à haut risque vital", ne faisaient "pas partie des personnes prioritaires définies par les préfectures". Elisabeth Borne a dû démentir des "propos maladroits" et elle a répété que la "responsabilité du gouvernement, c’est de planifier tous les scénarios sans faux-semblant mais sans agiter de fausses peurs"…

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Sauf que... A force de "planifier", comme dit Elisabeth Borne, et surtout de communiquer, sur tous les scénarios, y compris des coupures pouvant affecter des entreprises, des ménages et même des écoles, le gouvernement a fini par crédibiliser ces "scénarios de la peur". En répétant qu’il prévoit tout, même le pire, il semble annoncer le pire. Au fond, le gouvernement a été trop techno et pas assez politique. C’est le reproche que lui fait Emmanuel Macron qui a convoqué à dîner ce soir à l’Elysée quelques ministres et cadres de la majorité. Il y a urgence, car le chef de l’Etat a une grande crainte : celle du grand déclassement. Ou plutôt il a peur que s’impose dans l’opinion l’idée d’un grand déclassement du pays.

Les oppositions électrisées

En 2017, Emmanuel Macron portait une parole optimiste, positive. Face aux crises, géopolitique ou énergétique, il prétend toujours incarner une forme de leadership en Europe et il veut faire entendre ce discours volontariste jusqu’à Washington. Pas question de se laisser l’étiquette de gestionnaire d’un pays en déclin plombé par des services publics défaillants, qu’il s’agisse de l’hôpital en crise ou d’un réseau électrique menacé de coupures.

Bien sûr, ses opposants s’en donnent à cœur joie : Marine Le Pen dénonce une "incroyable régression", Jean-Luc Mélenchon fustige "le chaos". "Stop à tout ça ! Nous sommes un grand pays, et nous allons tenir !", réplique Emmanuel Macron. Et certains se souviennent alors du mot d’ordre de Lénine lors de la Révolution russe : "Le socialisme? c’est les soviets plus l’électricité !" Le chef de l’Etat ne veut pas qu’on puisse dire demain de son second mandat que "Le macronisme, c’est  le 49-3, sans l’électricité".

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