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"Il est sorti de ses gonds" : face aux risques de coupures d'électricité, la colère d'Emmanuel Macron vue de l'intérieur

Depuis qu'un porte-parole d'Enedis a assuré que les malades sous respirateurs ne seraient pas "prioritaires", le président et la majorité s'agitent pour ne pas faire peur aux Français.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Retraites : ce qu'il faut retenir de la prise de parole d'Emmanuel Macron (MALTON DIBRA / EPA / MAXPPP)

"Stop à tout ça ! Nous sommes un grand pays, nous avons un grand modèle énergétique, nous allons tenir cet hiver malgré la guerre. Et je demande à chacun de faire son travail" : Emmanuel Macron a critiqué mardi "les scénarios de la peur" face aux risques de coupures d'électricité cet hiver, en assurant que la France allait "tenir" si chacun faisait "son travail", en arrivant à un sommet européen à Tirana, en Albanie. 

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Pas de doute, le chef de l'Etat st "sorti de ses gonds", assure l'un de ses proches. Un président furieux après les propos plus que maladroits d'un porte-parole d'Enedis, qui a assuré lundi 5 décembre sur BFMTV, que les quelque 4 000 malades sous respirateurs ne seraient "pas prioritaires" en cas de coupure.

"Les scénarios de la peur"

Depuis l'Albanie, le chef d'État français a donc délivré un message à tous, et notamment adressé au fournisseur d'énergie et à son propre gouvernement. "Le travail d'EDF, c'est de faire tourner les centrales, le travail du gouvernement, c'est qu'il y ait une planification, le travail de tout le monde, c'est qu'on déroule la sobriété", a-t-il ajouté. "Les scénarios de la peur, pas pour moi ! On reste tous unis et on avance", a conclu Emmanuel Macron, qui a également jugé "stupide" le "débat" qu'il avait "entendu ces dernières heures" sur les risques de coupures d'électricité. Et de conclure que "le rôle des autorités et des entreprises publiques, ce n'est pas de transférer la peur ni de gouverner par la peur". 

En coulisses, la Première ministre a été priée d'aller dédramatiser devant l'Assemblée nationale, a appelé à ne pas "agiter de fausses peurs". "Contrairement à ce que des propos maladroits ont pu laisser penser, nos hôpitaux seront toujours alimentés en électricité et les personnes malades à domicile seront toujours prises en charge", a rassuré Elisabeth Borne. Pour ces patients à hauts risques, un dispositif existe.

"Ce n'est que du conditionnel"

De son côté, le ministre de la Transition énergétique recadre Enedis. Le message : chacun dans son couloir. Il faut dire que le gouvernement y est allé aussi de son refrain anxiogène la semaine dernière, entre instructions données aux préfets en cas de coupures et annonce du ministre de l'Éducation que l'école n'aurait pas lieu le matin en cas de "délestage". "Certains sont partis en mode crise, alors que ce n'est que du conditionnel", note un conseiller de l'exécutif. 

Il ne faut pas dramatiser pour ne pas inquiéter les Français... ni les entreprises. "Pour le président, les coupures ne sont pas une option, assure un ministre. Ce n'est pas bon pour l'investissement." D'où l'idée, aussi, de ne surtout pas donner l'image d'une France en difficultés. D'ailleurs, le message ne s'est pas fait attendre : selon des données publiées mardi soir par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français, la tendance à la baisse de la consommation d'électricité en France "s'amplifie", avec un recul de 8,3% la semaine dernière par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019), une diminution qui concerne "désormais tous les secteurs". 

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