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Édito
Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, deux ministres, deux visions et un objectif : 2027
Classes populaires ou classes moyennes ? Le gouvernement redécouvre la lutte des classes ! Défendre les classes populaires, c’est le leitmotiv de Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur veut les séduire en se montrant ferme sur les sujets régaliens – autorité, sécurité, immigration - et en prônant des hausses de salaires. Il invite les chefs d’entreprise à faire des "efforts" en redistribuant une partie de leurs bénéfices et il plaide pour le report de la baisse des impôts de production.
>>Loi immigration : Gérald Darmanin se dit prêt "au compromis" lors du débat sénatorial
Les classes moyennes, elles, sont l’objet de toutes les attentions de Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie et des Finances, qui est l'invité du 8h30 de franceinfo jeudi 7 septembre, en fait les cibles privilégiées de ses choix fiscaux. Il leur promet deux milliards de baisses d’impôts supplémentaires, et récuse dans le même temps toute hausse d’impôt pour les entreprises.
Ce clivage oppose donc aussi deux personnalités rivales. Deux ministres ambitieux qui ont déjà la tête à 2027 et préparent l’après-Macron en peaufinant leurs profils politiques respectifs. L’un, Bruno Le Maire insiste sur l’activité et l’emploi. Il répète qu’il veut tourner la page du "quoi qu’il en coûte" et écarte toute nouvelle ristourne sur le prix des carburants. L’autre, Gérald Darmanin, s’inquiète de l’angoisse du déclassement, de "la marmite sociale qui bout" selon son expression, et met davantage en avant l’enjeu du pouvoir d’achat.
Un même adversaire : Marine Le Pen
Gérald Darmanin veut reconquérir les classes populaires qui ont déjà basculé à l’extrême droite. Et ramener aux urnes la frange, massive, qui s’abstient. Bruno Le Maire, lui, entend éviter que les classes moyennes, déjà rongées par le lepénisme, n’y succombent totalement en 2027. En fait, leurs diagnostics convergent. Pour éviter la victoire du RN dans quatre ans, la majorité va devoir rassembler.
En son temps, Lionel Jospin rêvait déjà d’une nouvelle alliance entre "exclus, classes populaires et classes moyennes". Plus loin encore, dans les années 70, François Mitterrand prétendait "bâtir un front de classes" pour accéder au pouvoir. Ce n’est plus vraiment le vocabulaire de la start-up nation, mais la recette n’a pas tant changé que cela.
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