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Édito
Réforme des retraites : mais qui a gagné le "match" ?
La page du conflit social de la réforme des retraites se tourne et pour les syndicats, comme pour les partis de gauche, le plus dur commence. Comment en sortir en bon ordre, et en bon état ? Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a reconnu mardi 6 juin que "le match est en train de se terminer".
Son homologue de la CGT, Sophie Binet, a plus de difficulté à l’admettre. Il n’empêche que la réforme, promulguée il y a un mois et demi, entrera en vigueur début septembre. L’enjeu pour les syndicats, c’est donc de ne pas verser dans un jusqu’au boutisme sans issue et de faire perdurer l’unité qui a fait la force de l’intersyndicale. Ils doivent trouver d’autres sujets de mobilisation : les salaires, la pénibilité ou encore l’emploi des seniors.
Et pour la Nupes, la période s’annonce plus périlleuse. Bien sûr, demain, comme souvent depuis un an, la journée va virer au happening à l’Assemblée. La gauche va s’époumoner pour dénoncer un "coup de force" de Yaël Braun-Pivet quand la présidente de l’Assemblée invoquera l’article 40 de la Constitution pour écarter le retour d’amendements visant à abroger le report de l’âge légal à 64 ans lors de l’examen du texte du groupe Liot. Mais l’anti-macronisme demeure le principal ciment de la Nupes.
La majorité peut-elle donc crier victoire ?
Au-delà du brouhaha de l’hémicycle, l’alliance de la gauche est donc fragilisée par la fin de la bataille des retraites. D’abord, parce qu’elle a concentré ses forces sur ce seul enjeu et a en négligé d’autres comme le pouvoir d’achat ou l’immigration. Et puis les élections européennes qui arrivent réveillent les divergences de fond au sein de la gauche. Les écologistes, très pro-européens, veulent se présenter sous leurs propres couleurs alors que Jean-Luc Mélenchon fait d’une liste d’union la condition de la survie de la Nupes.
Elle aurait tort de le faire. D’un point de vue législatif, sur les retraites, l’exécutif a gagné. Emmanuel Macron n’a pas plié, la réforme annoncée verra le jour. Sauf que sur le plan politique et, plus grave, sur le plan civique, le prix à payer pour la majorité est très lourd. Il risque de laisser des traces au fond des urnes lors des prochaines échéances. Et de fragiliser un peu plus la santé déjà chancelante de notre démocratie.
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