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Édito
Réforme des retraites : les séances agitées à l'Assemblée, un grand classique

Aujourd’hui, c’est donc la troisième journée nationale de grèves et de manifestations et elle survient au lendemain de l’ouverture du débat sur la réforme des retraites à l’Assemblée… L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les députés débattent du projet de loi de réforme des retraites, à l'Assemblée nationale, lundi 6 février 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Les syndicats ont, bien sûr, calé leur calendrier sur les échéances parlementaires. Et, comme à chaque fois qu’un texte suscite un mouvement de contestation dans le pays, deux légitimités s’expriment en parallèle : celle du Parlement et celle de la rue. Les opposants au texte tentent d’ailleurs d’alimenter l’une par l’autre.

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On l’a vu lundi avec l’ambiance électrique qui régnait dans l’hémicycle et le ministre du Travail Olivier Dussopt sans cesse chahuté et interrompu par des députés de la Nupes survoltés. L’écologiste Marine Tondelier promettait de faire du Parlement une ZAD une "zone à défendre", pari tenu !

Au point que la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a fini par lancer à la gauche : "On n’est pas dans une manif !". C’est vrai qu’on s’y tromperait, et c’est fait exprès : par leur attitude, les députés de la Nupes veulent galvaniser la mobilisation des manifestants qui, eux… veulent faire pression sur les débats au Parlement.

Mais où se fera la décision finale ?

Reste que le dernier mot sera au Parlement. C’est le principe même de la démocratie représentative. Par leur vote, les électeurs ont délégué aux députés et aux sénateurs la mission de les représenter et de faire la loi. La légitimité démocratique des élus est incontestable et le Parlement souverain. Et c’est bien pour ça que les élus de la Nupes étant minoritaires, ils sont tentés d’en appeler à la rue. Le député insoumis François Ruffin considère par exemple que ce n’est pas au Parlement mais "dans le pays que ça va se régler, soit par une révolte, soit un dégoût durable". En écho, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez prévient déjà que la mobilisation continuera après l’adoption du texte.  

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Ce n'est pas phénomène nouveau, c’est même un grand classique. Souvent, la minorité parlementaire continue de manifester après le vote du texte. La gauche l’a fait en 2010 après le vote d’une autre réforme des retraites ; l’extrême droite et une partie de la droite l’ont fait en 2013 après l’adoption du "mariage pour tous". Et à chaque fois, la majorité au pouvoir fustige des comportements quasi-séditieux. "Ce n’est pas la rue qui gouverne", disait Jean-Pierre Raffarin il y a déjà 20 ans. C’est vrai. Mais le Parlement ne peut pas non plus légiférer sans entendre ce qui se passe dans la rue.

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