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Édito
Réforme des retraites : le gouvernement espère voir l’unité syndicale se fracturer
Le rendez-vous aura bien lieu, mais avec qui ? L’incertitude demeure. Car si la Première ministre a invité tout le monde, les huit organisations membres de l’intersyndicale, elle espère bien, au fond, que tout le monde ne viendra pas. C’est d’ailleurs pour ça qu’Élisabeth Borne a proposé une entrevue seulement la semaine prochaine, et pas plus tôt. Parce qu’elle avait en tête le calendrier, le congrès de la CGT qui s’achève ce vendredi 31 mars, à Clermont-Ferrand.
Si Marie Buisson, la candidate soutenue par Philippe Martinez n’est pas adoubée pour prendre sa succession, la CGT pourrait sécher l’entrevue de Matignon. Car une frange plus radicale de la confédération, incarnée par une autre candidate, Céline Verzeletti, accuse Philippe Martinez de s’être montré trop conciliant, notamment depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, et d’avoir cédé le leadership au leader de la CFDT, Laurent Berger.
Stratégie payante, mais à très court terme
Elisabeth Borne mise donc sur la désunion syndicale : "Enfin, le temps joue pour nous", confiait jeudi un conseiller ministériel. Depuis trois mois, le gouvernement s’est heurté à un mouvement syndical uni, puissant et responsable. Comme il n’entendait rien céder, et surtout pas le report de l’âge légal à 64 ans, il a fait le dos rond le plus longtemps possible. Avant de proposer ce rendez-vous, mais pour la forme. Élisabeth Borne entend surtout parler travail, et partage de la valeur. Elle ne lâchera rien sur les retraites. Il s’agit donc de gagner du temps en attendant la décision du Conseil constitutionnel, annoncée pour le vendredi de la semaine suivante, le 14 avril.
Pour l’exécutif, cette stratégie peut être payante, mais à très court terme. À force de snober les syndicats, le gouvernement risque donc de pousser la CGT dans les bras d’une direction plus radicale, plus proche des Insoumis, et hostile à tout dialogue. Cela peut fracturer l’unité syndicale sur le confit des retraites, mais au-delà, l’exécutif n’aura pas gagné au change. Plutôt que de tenter de nouer un dialogue fructueux avec des syndicats responsables, il risque de s’infliger un face-à-face rugueux avec des adversaires inflexibles. Et il reste quatre ans de mandat à Emmanuel Macron...
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