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Édito
Pourquoi la nouvelle journée de grève des médecins libéraux tombe mal pour le gouvernement
Un mouvement qui tombe mal pour le gouvernement. A l’appel de leurs syndicats, nombre de médecins libéraux vont fermer leurs cabinets. Ils protestent contre un texte porté par une députée Renaissance, Stéphanie Rist, qui veut permettre aux patients de prendre directement rendez-vous avec des infirmiers, des kinés, ou des opthalmos, sans passer par la case généraliste.
Il s’agit de pallier le manque de médecins libéraux, mais ceux-ci sont d’autant plus fâchés qu’ils réclament un doublement de leur consultation de base, pour qu’elle passe de 25 à 50 euros. L’assurance-maladie leur a royalement proposé une augmentation d’1,50 euros, "un point de départ" a tenté de plaider le ministre de la Santé, François Braun.
La colère en salle d'attente
Au cœur de ce conflit, on retrouve la question des déserts médicaux. Un problème politiquement d’autant plus gênant pour l’exécutif qu’il touche d’abord la France rurale et celle des petites villes, où il faut parfois faire plusieurs dizaines de kilomètres pour trouver un médecin ou attendre des mois pour décrocher un rendez-vous avec un spécialiste. Alors, c’est vrai, cette pénurie de médecins concerne aussi de grandes agglomérations, et même Paris pour les généralistes, mais c’est d’abord la France dite périphérique qui est pénalisée. Celle qui est aussi la plus touchée par l’envol des prix du carburant, faute de transports collectifs de substitution, ou par la fermeture de certains services publics. Cette France qui a vu ces dernières années s’envoler le vote d’extrême droite ou qui s’est enflammée lors du mouvement des gilets saunes.
Le gouvernement a donc beaucoup à craindre de la colère des médecins libéraux, parce que leurs salles d’attente peuvent servir de caisse de résonance à un mécontentement plus large. Et les médecins savent aussi user de réflexes corporatistes pour repousser les mesures coercitives envisagées pour les pousser à exercer à tel ou tel endroit.
Enfin, un tel mouvement illustre un peu plus la crise globale de notre système de santé, ce joyau dont notre pays était si fier et dont les dysfonctionnements alimentent dans l’opinion cette peur du "grand déclassement" que l’exécutif veut conjurer.
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