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Édito
Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon, un choix lourd en symboles politiques

Emmanuel Macon a officialisé dimanche la future panthéonisation du résistant arménien Missak Manouchian. L'édito de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron lors de la commémoration du 83e anniversaire de l'Appel du 18 Juin, au Mont-Valérien, près de Paris, le 18 juin 2023. (MOHAMMED  BADRA / POOL)

C'est une annonce intervenue le 18 juin, jour anniversaire de l’appel à la Résistance du général de Gaulle. Un événement commémoré dimanche, comme chaque année, par le chef de l’Etat au mont Valérien. Précisément sur le site où Missak Manouchian et ses 21 camarades ont été fusillés par les Allemands le 21 février 1944. Sa dépouille sera d’ailleurs transférée au Panthéon le 21 février prochain, pour le 80e anniversaire de son assassinat, et il sera accompagné de son épouse Mélinée. L’Élysée salue "l’héroïsme" de ce résistant arménien et de tous ses compagnons d’armes étrangers, Espagnols, Italiens, Juifs d’Europe centrale et souligne que "le sang versé pour la France a la même couleur pour tous".

>> Qui sont Mélinée et Missak Manouchian, figures de la Résistance, qui vont entrer au Panthéon ?

Et c'est un choix lourd en symboles. Comme pour toute Panthéonisation. C’est à la fois un hommage posthume de la République à une grande figure historique, donc au passé, et l’illustration d’un message politique contemporain que veut délivrer le chef de l’Etat. Or, à une époque où une double hystérie identitaire nourrit, à la fois, la progression de l’extrême droite un peu partout, en France et en Europe, et la réaction d’une gauche radicale qui exalte références ethniques et repli communautaire, panthéoniser Manouchian, c’est desserrer cette tenaille identitaire. Pour ressusciter l’universalisme républicain.

Peu importe d’où venaient les Résistants, leur nationalité, leur religion, tous combattaient pour les mêmes idéaux démocratiques de liberté. Un message universaliste qui imprégnait aussi l’entrée au Panthéon il y a deux ans de Joséphine Baker, résistante française d’origine américaine.

Ce sont d'ailleurs des choix toujours consensuels : ce qui explique l’incertitude autour du sort de l’avocate féministe Gisèle Halimi, un choix contesté en raison de son soutien à des combattants du FLN durant la guerre d’Algérie. À l’inverse les résistants honorés par François Hollande - Pierre Brossolette, Germaine Tillon, Geneviève Antonioz-De Gaulle et Jean Zay - ou les figures d’Alexandre Dumas et d’André Malraux choisies par Jacques Chirac disaient quelque chose de leurs mandats respectifs. Comme la décision de François Mitterrand de reprendre le cours de ces cérémonies, qui avait été interrompu pendant près de 25 ans. Il faut dire que Mitterrand avait innové en entrant lui-même au Panthéon, de son vivant, au 1er jour de son 1er mandat.

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