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Édito
Grégoire de Fournas : comment le RN a soigné le retour du député à l'Assemblée nationale

Près d’un mois après un incident qui avait provoqué sa suspension, le député RN de Gironde Grégoire de Fournas est de retour aujourd’hui à l’Assemblée Nationale… L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le député RN Grégoire de Fournas à l'Assemblée nationale, le 28 juin 2022, à Paris. (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

"Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique !" : on se souvient tous de cet élu d’extrême droite qui s’est rendu célèbre en lançant ces mots en direction d’un député Insoumis d’origine africaine, Carlos Bilongo, qui interpellait le gouvernement sur le sort de l’Ocean Viking, ce navire qui sauve des migrants de la noyade en Méditerranée.

>> "Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique" : que s'est-il vraiment dit lors des échanges à l'Assemblée impliquant le député RN Grégoire de Fournas ?

Une saillie xénophobe qui avait enflammé les bancs de l’Assemblée, déclenché une vaste polémique, et lui avait donc valu une lourde suspension. Sa peine purgée, son retour sera scruté de près. Et, pour l’occasion, le Rassemblement national, a comme toujours soigné la mise en scène.

Marine Le Pen veille

Grégoire de Fournas devrait d'abord prendre la parole. Alors non, rassurez-vous, pas sur l’immigration. Il a déjà donné. Mais pour s’inquiéter du sort des petites retraites agricoles. Car le député RN est viticulteur. Il a d’ailleurs été épinglé par l’Assemblée pour avoir fait la promotion de sa production sur son compte Twitter. Sa profession justifierait donc qu’il se soucie des agriculteurs aux pensions modestes. Et rassurez-vous, aujourd’hui, le ton sera posé et la cravate impeccable. Marine Le Pen elle-même y veille. Pour le RN, il s’agit de banaliser le plus possible ce retour en scène d’un député qui a par ailleurs été écarté des instances dirigeantes  du RN. Pour la cheffe de file de l’extrême droite, il y a urgence à réparer les dégâts…

Car, en coulisses, Marine Le Pen n’a pas apprécié la polémique. Et c’est le moins qu’on puisse dire. L’épisode a mis à bas sa tactique de dédiabolisation. Et elle en a aussitôt mesuré les effets : une semaine plus tard, la France a accepté d’accueillir temporairement les réfugiés de l’Ocean Viking refoulés d’Italie par Giorgia Meloni. Et là, le RN a dû mettre la pédale douce. Il a protesté bien sur, mais avec moins de virulence que toute une partie de la droite, comme le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. Etre à la fois pointé du doigt pour le dérapage raciste d’un de ses élus puis contraint de ronger son frein sur l’immigration pour se rattraper, c’est un peu la double peine pour le RN. Raison pour laquelle Marine Le Pen entend cornaquer d’un plus près encore ses troupes à l’Assemblée. 88 élus à surveiller, ce n’est pas une sinécure quand ce qu’on craint par-dessus tout, c’est une rechute. 

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