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Édito
Après le drame d'Annecy, une unité nationale éphémère

L’attaque d’Annecy a suscité une vague d’émotion unanime au sein du monde politique. Mais la politique a vite refait surface.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Olivier Marleix et Eric Ciotti (LR) à l'Assemblée nationale le 30 mai 2023 (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Recueillement, émotion, compassion : à l’annonce du drame, l’ensemble des responsables politiques, majorité et opposition confondues, ont réagi avec les mêmes mots. D’Elisabeth Borne à Jean-Luc Mélenchon, de Marine Le Pen à Olivier Faure, il fut question d’effroi devant l’horreur, de solidarité avec les petites victimes et de soutien à leurs parents. Une "nation sous le choc" d’une attaque d’une "lâcheté absolue", selon les termes d’Emmanuel Macron. L’Assemblée nationale s’est figée en une minute de silence respectée sur les tous les bancs.

Unité nationale donc mais unité éphémère, quelques minutes à peine, brisée par les chefs de la droite. Alors que les élus LR de la région d’Annecy appelaient à la décence, le patron des Républicains Eric Ciotti n’a pas eu la même pudeur. Il a appelé à tirer "toutes les conséquences sans naïveté et avec lucidité, du profil" de l’assaillant, de nationalité syrienne. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a pointé le "laxisme migratoire".  Et son homologue à l’Assemblée, Olivier Marleix, a renchéri en lançant : "L’immigration massive incontrôlée tue". Il a même prétendu que l’homme était "vêtu de vert", la couleur de l’islam, alors que ce n’était pas le cas et que l’individu se dit chrétien. Et le trio a profité de ces circonstances tragiques pour faire le service après-vente des mesures sur l’immigration récemment présentées par LR : demandes d’asile faites hors du territoire français ou encore supériorité du droit français sur le droit européen, soit une sorte de Frexit migratoire.

Marine Le Pen plus modérée en apparence

C'est une répartition des rôles au Rassemblement national : à Marine Le Pen la compassion pour les victimes, et au patron du parti, Jordan Bardella, la charge de réclamer la "remise en cause de toute notre politique migratoire et d‘un certain nombre de règles européennes", soit exactement la même position que celle de LR.

L’enquête est à peine ouverte, les  questions sur les motivations de l’assaillant encore innombrables. Mais la droite et l’extrême droite n’ont tenu que quelques minutes avant d’ouvrir une polémique politique. Voilà qui illustre le climat qui menace le débat du semestre prochain sur l’immigration, ce sujet explosif sur lequel il est décidément impossible d’échanger et de légiférer sereinement en France.

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