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Guerre en Ukraine : "J’approuve les mesures prises par la commission européenne", assure Jean-Luc Hees, ancien membre du comité d’éthique de RT France

Jean-Luc Hees, ancien PDG de Radio France, a participé pendant trois ans au comité d’éthique de la chaîne russe RT France, que la présidente de la commission européenne veut bannir. Il nous raconte ce qu’il a vu de l’intérieur.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Fontaine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Jean-Luc Hees, ex-PDG de Radio France et ancien membre du comité d’éthique de Russia Today (RT) France. (ALAIN DENANTES / GAMMA-RAPHO via GETTYIMAGES)

La guerre en Ukraine est aussi une guerre de communication et d’images. Pour lutter contre ce qu’elle appelle "la machine médiatique du Kremlin" Ursula Von Der Leyen a annoncé dimanche 27 février le bannissement des chaînes RT dans toute l’Union européenne. La présidente de la commission européenne n’a pas encore indiqué comment elle comptait s’y prendre juridiquement.

Les chaînes Russia Today (RT) sont aujourd’hui financées à plus de 99% par le Kremlin. La version française de RT a été lancée en 2017 et son audience s’est accrue lors de la crise des "Gilets Jaunes", au point de devenir leur média de référence. Fréquemment accusée par des observateurs et des chercheurs de servir la propagande russe, la chaîne n’a pas le droit de cité à l’Élysée. En 2017, en accord avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel, devenu l'Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), la chaîne RT a mis en place un comité d’éthique auquel l’ancien PDG de Radio France assure avoir participé bénévolement. Il a quitté cette instance en 2020 après avoir effectué ses trois années de mandat. "Le comité éthique n’avait pas d’influence sur la ligne éditoriale et j’en suis parti car cette ligne éditoriale n’est pas la mienne. Je n’ai pas de sympathie outrancière pour les 'gilets jaunes' et les manifestations. J’étais là pour vérifier qu’il n’y avait pas de dérapage.", précise Jean-Luc Hees sur franceinfo.

L’ancien correspondant de Radio France à Washington soutient les mesures souhaitées par Ursula Von Der Leyen. "Je comprends et j’approuve les mesures prises pour rompre les amarres avec une organisation soumise aux caprices de Vladimir Poutine. Mais il y a une vraie différence entre Poutine et le peuple russe." constate Jean-Luc Hees.

"On est bouleversé par ce qu’il se passe en ce moment et je n’ai aucune sympathie pour le dictateur mais j’ai de l’estime pour les Russes et c’est pour cela que j’avais accepté de présider ce comité éthique."

Jean-Luc Hees

sur franceinfo

Jean-Luc Hees explique ne pas avoir constaté d’incident majeur sur l’antenne durant sa présence au sein du comité d’éthique. "Au démarrage de la chaîne, la présidente avait tellement peur qu’elle était hyper précautionneuse, donc dans un premier temps tout s’est bien passé, raconte l’ancien journaliste, nous avons reçu une mise en demeure du CSA en 2018 à propos du traitement de la guerre en Syrie et la chaîne l’a prise en compte. Pendant trois ans, j’ai eu affaire à très peu de difficultés du fait de cette observation permanente." L’ancien président de Radio France tient aussi à préciser: "Tous les journalistes de cette chaîne ne sont pas vendus à Poutine. Ils essaient de faire leur métier convenablement. Je suis un observateur d’autres chaînes d’informations et il y a des mises en demeure pour certaines d’entre elles."

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