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Histoires d'info. Créés en 1944, les CRS n’avaient pas vocation à durer…

Les CRS sont en colère et se font porter pâles. Retour sur l'histoire de ce corps spécialisé de la police nationale dont le maintien de l'ordre n'a pas toujours été la mission principale.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des CRS lors d'une manifestation à Paris. (BENJAMIN MENGELLE / HANS LUCAS)

Les CRS sont en colère et ils le font savoir. Plus de 2 000 CRS étaient en arrêt maladie jeudi 21 septembre, faute d'avoir le droit de grève. Ils se plaignent du projet du gouvernement de taxer leur prime de déplacement. On ne connait pas très bien les Compagnies républicaines de sécurité. En fait, c'est une institution qui ne devait pas durer. Retour en arrière :

En 1944, les Groupes mobiles de réserve lancés par le régime de Vichy, sont remplacées par les Compagnies républicaines de sécurité qui ont d’abord et avant tout pour vocation de rétablir et de garantir le respect de la légalité républicaine. C’est ainsi que durant leurs premiers mois d’existence, les CRS surveillent les centres d’internement des miliciens et des collaborateurs, traquent les prisonniers de guerre évadés, se postent sur les frontières. Ce sont essentiellement des CRS qui tiennent Strasbourg tout juste libéré. Les CRS sont également utilisés pour éviter les pillages.

Dès 1947, les CRS assurent le maintien de l'ordre

Certains imaginent même que les CRS n’ont pas vocation à durer, qu’une fois la République solidement réinstallée, elles seront dissoutes. Mais les grands mouvements sociaux de 1947 et 1948 vont donner aux CRS le rôle que l’on connaît le plus aujourd’hui : celui du maintien de l’ordre lors des grands rassemblements.  

Ce n'est pas la première fois qu'ils manifestent leur colère. Même si, gardiens de la paix, les CRS ne peuvent pas manifester au sens strict du terme, ils ont pu manifester leur sympathie pour les mouvements sociaux. En 1958 et en 1983, notamment, certains d’entre eux se joignent à des policiers contre le laxisme prétendu des autorités politiques qui les mettraient en danger. Des mouvements de grogne bien réels mais qui n’ont pas pour origine première des questions d’argent. La revendication actuelle porte sur la fiscalisation de leurs primes de déplacement

En 1999, la prime de déplacement, déjà...

En revanche, en cherchant bien dans les archives, se mettre en arrêt maladie pour contester une décision ayant des conséquences sur la fiche de paie, ce n’est pas une première. 

Retour en octobre 1999, avec les CRS de Toulouse. Un journaliste : "Samedi dernier, sur les 153 fonctionnaires de la compagnie, une quinzaine s'est fait porter pâle. Des arrêts maladie destinés à protester contre la mise en œuvre de leur nouvelle mission, la fidélisation. Six mois par an, les sections devront patrouiller dans les quartiers réputés difficiles de la ville. Conséquence, les compagnies auront moins à se déplacer." Un CRS : "Quand les fonctionnaires partent de la compagnie pour aller travailler en dehors de l'unité, ils touchent une indemnité journalière d'absence temporaire qui s'élève à 160 francs. Le fait d'être 'fidélisé' fait que cette indemnité, ils ne l'ont pas, et il y a un manque à gagner qui peut se chiffrer à 800 francs par mois."

Les CRS n’ayant pas le droit de grève, conformément à la loi de décembre 1947, ils avaient trouvé un moyen d’action redoutablement efficace et un problème potentiellement majeur pour l’Etat, ce qui au passage en dit long sur l’importance d’un corps qui n’était pas appelé à durer lors de sa création.  

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