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En Inde, la communauté sikhe vient à la rescousse des malades du Covid-19 et d'un pays submergé

En Inde, les hôpitaux manquent cruellement d'oxygène. Plusieurs associations de confession sikhe ont ouvert à New Delhi des camps à ciel ouvert, où ils offrent de l'oxygène et sauvent ainsi des vies.

Article rédigé par Sébastien Farcis - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des patients malades du Covid-19 reçoivent de l'oxygène dans un temple sikh, où l'oxygène est mis gratuitement à disposition par des associations dans la banlieue de New Delhi, en Inde, le 8 mai 2021. (RAJAT GUPTA / EPA / MAXPPP)

Devant le temple sikh de Nizamuddin, au sud-est de New Delhi en Inde, se dresse un grand chapiteau. On y découvre plusieurs bouteilles d'oxygène alignées, accrochées aux poteaux. Nisha Murthy, une femme de 68 ans malade du Covid-19, est assise à côté de l'une d'elles, et respire de cet air si précieux, grâce à un tuyau relié à ses narines. Elle a préféré venir ici avec son fils Priyam plutôt que dans un hôpital. "Comment voulez-vous trouver de l'oxygène ces jours-ci ? C'est impossible, lâche-t-il. Un ami a été dans beaucoup d'hôpitaux de la ville mais il n'a pas trouvé d'oxygène, alors il est mort."

"Moi je n'ai plus de travail, donc je ne peux pas acheter une bouteille. Je suis donc venu ici directement."

Priyam

à franceinfo

Ce service a été pris d'assaut ces dernières semaines, car comme la mère de Priyam, des centaines de malades du Covid-19 ont été abandonnés à New Delhi sans oxygène. Le pays peine toujours à lutter contre une violente deuxième vague de contaminations, enregistrant ces derniers jours environ 400 000 infections quotidiennes, soit plus de la moitié des infections du monde entier.

Les besoins en oxygène ont explosé à cause de la forte croissance de nouveaux cas. Mais cet air est produit loin de la ville, il est long et délicat de le transporter. "Ces dernières semaines, nous avons connu des pics avec plus de 100 personnes par jour, qui venaient jusqu'à 3 heures du matin, explique Ajit Singh, fondateur de l'association Hum Chakar Gobind Ke, en charge de ce programme. Trois ou quatre patients viennent même tous les jours. Leur concentration d'oxygène dans le sang doit être entre 70 et 90. En dessous de cela, la personne est trop en danger et elle doit voir un médecin."

Une communauté habituée à l'entraide

Cette aide humanitaire est une pratique très courante dans cette religion. Les sikhs sont connus en Inde pour leurs repas gratuits, servis toute l'année dans leurs temples, les gurudwaras. Dans leur religion, la place du service aux autres est très importante et cela se fait avec un grande humanisme : aucune discrimination de religion ou de castes, ici on sert tout le monde, des musulmans aux chrétiens en passant par les hindous.

Depuis deux semaines, ce sens du service a été déployé avec force dans toute la ville. Ces dévots en turban se sont transformés en vrais combattants du Covid-19, venus soutenir un État non préparé et des hôpitaux débordés. Plusieurs camps similaires ont été ouverts devant les temples, d'autres distribuent des ventilateurs, et cette semaine, ils ont même transformé un de leurs temples en hôpital de 400 lits.

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