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En Afghanistan, la spirale infernale des attaques terroristes lancées par les talibans et le groupe État islamique

L’Afghanistan a connu, lundi 29 janvier, sa troisième attaque en dix jours à peine dans la capitale. Le pays est visé par des attentats meurtriers perpétrés par les talibans et le groupe État islamique.

Article rédigé par franceinfo - Sonia Ghezali, RFI
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'attaque à la voiture piégée du 27 janvier 2018 a fait une centaine de morts et plus de 235 blessés à Kaboul en Afghanistan. (WAKIL KOHSAR / AFP)

En Afghanistan, on assiste à une surenchère d'attentats perpétrés par deux groupes terroristes : les talibans et le groupe État islamique. Lundi 29 janvier, l’académie militaire de Kaboul a été visée. L'attaque a tué 11 soldats et blessé 16 autres. Elle a été revendiquée par le groupe Etat islamique. Il y a quelques jours, l'organisation jihadiste s'était attaquée à l’ONG Save the children à Jalalabad, dans l’est du pays.

Les talibans, eux, ont revendiqué l'attaque de samedi dans le centre de Kaboul -un kamikaze au volant d’une ambulance piégée avait fait exploser sa charge à un barrage de police, faisant une centaine de morts et plus de 235 blessés- et l'attaque contre l’hôtel Intercontinental il y a 11 jours. 

Les États-Unis en ligne de mire

Le niveau d’alerte sécuritaire reste très élevé dans le pays, ce qui est assez exceptionnel. Les autorités afghanes combattent avec peine sur les deux fronts, talibans - qui contrôlent 40% du territoire - et État islamique. Cette spirale de violence intervient quelques semaines après que le président américain, Donald Trump, a durci le ton vis-à-vis du Pakistan voisin, accusé de ne pas combattre les terroristes qui se réfugient sur son sol. 

Par ailleurs, ces derniers mois, les raids américains se sont multipliés contre les positions du groupe État islamique dans l'est et le nord de l'Afghanistan, mais aussi contre les positions des talibans, notamment dans les zones tribales pakistanaises. Le Pakistan, régulièrement accusé de ne pas combattre le terrorisme sur son sol, est qualifié de repère de terroristes par Washington. 

Fragiliser une situation intérieure déjà instable 

Avec ces attaques successives, les insurgés montrent leur capacité de frapper è n'importe quel moment et n'importe où, déstabilisant un peu plus chaque jour un gouvernement déjà fragilisé par de nombreuses dissensions internes. 

Le groupe État islamique s’est implanté dans l’est du pays en janvier 2015. Depuis trois ans, ses combattants -qui sont, en grande partie, d’anciens talibans, parmi lesquels d’anciens talibans pakistanais- essaiment dans le nord, près de la frontière avec l’Ouzbékistan. Certaines cellules seraient également actives à Kaboul, si l'on en croit des sources sécuritaires afghanes.

S'il est difficile d'établir des liens directs entre tous ces groupes, une chose est sûre : ils sont plus nombreux et commettent de plus en plus d’attentats. Ils visent les forces gouvernementales, mais aussi la minorité chiite et les cibles étrangères comme ce fut le cas récemment avec l’attaque contre l'ONG britannique Save the children.

Présence de jihadistes français 

Les autorités afghanes craignent que la débâcle du groupe État islamique en Syrie et en Irak entraîne un afflux massif de combattants en Afghanistan. Certains sont déjà présents et plusieurs combattants étrangers se trouvent en Afghanistan dans les rangs des jihadistes de l'État islamique. Parmi eux, il y a des Français, comme l'ont appris conjointement RFI et l'AFP en Afghanistan en décembre 2017. On sait que trois ou quatre Français se trouvent dans un district du nord de l'Afghanistan.

Les points d'entrée dans le pays pour ces combattants sont, semble-t-il, les zones tribales du Pakistan ou le Tadjikistan où un Français a d'ailleurs été arrêté il y a quelques mois alors qu'il voulait rejoindre les rangs de l'organisation jihadiste en Afghanistan. Il y a également eu des rumeurs sur la mort de trois combattants français, tués par des raids américains début janvier, mais ces informations ne sont pas confirmées.

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