Au Mexique, quatre ans après la disparition des 43 étudiants, l'enquête sous le feu des critiques
Quatre ans après la disparition non élucidée de 43 étudiants, leurs parents ont manifesté mercredi pour demander au gouvernement mexicain d'agir.
C'est une affaire qui avait provoqué une très forte émotion en 2014 au Mexique et qui n'est toujours pas élucidée : la disparition de 43 étudiants. Quatre ans après les faits, les parents de ces jeunes ont manifesté mercredi 26 septembre pour réclamer justice. Un cas emblématique de la grave crise de disparitions au Mexique : plus de 37 000 personnes sont considérées comme disparues aujourd'hui.
Les corps n'ont jamais été retrouvés
Dans le cas de ces disparitions, on peut parler d’une enquête qui piétine, car les corps des 43 étudiants de l’École normale d’Ayotzinapa n’ont jamais été retrouvés. Le gouvernement d’Enrique Peña Nieto maintient la même version des faits depuis le début : les étudiants auraient été séquestrés par des policiers municipaux corrompus, puis auraient été livrés à un cartel local, qui les aurait tués avant de brûler leurs corps dans une décharge.
Il y a eu plus d’une centaine d’arrestations dans le cadre de cette enquête, mais beaucoup de bavures et d’irrégularités ont été révélées au fil des années. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a émis un rapport très critique vis-à-vis du parquet fédéral, en dénonçant des dizaines de cas de tortures infligés aux détenus.
L'enquête relancée par la présidentielle
Les experts indépendants qui se sont penchés sur le dossier parlent d’une enquête biaisée, de l’absence de preuves qui appuient la version officielle qui répondrait avant tout à des intérêts politiques. Autrement dit, le gouvernement de Peña Nieto a voulu fermer le dossier. À partir de décembre prochain, c’est Andrés Manuel López Obrador qui occupera la présidence. Et il s’est engagé à créer une commission de vérité chargée du dossier Ayotzinapa, pour étudier les preuves qui ne l’ont pas été jusqu’à présent et chercher les étudiants. C’est justement ce que réclament les parents des 43…
La lenteur de la justice au Mexique critiquée
Au-delà de la disparition de ces étudiants, le grand nombre de disparus au Mexique, 37 000, est un indicateur de cette absence de justice. La plupart du temps, les enquêtes piétinent, et l’impunité constitue la norme. L’absence de moyens pour enquêter est aussi un facteur important. Il y a des milliers de corps de victimes de la violence qui n’ont pas pu être identifiés. Un épisode récent montre d’ailleurs le manque d’infrastructures. Ainsi, dans l’État du Jalisco, dans le nord du pays, un camion réfrigérant servait à entreposer les cadavres de nombreuses victimes parce que les bâtiments de la morgue étaient devenus trop exigus pour accueillir tous ces corps non identifiés et non réclamés par leurs familles.
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