Salon de l'agriculture : Oreillette, la vache égérie, au cœur du tumulte

Alors que la colère des agriculteurs ne retombe pas et qu'Emmanuel Macron a inauguré le salon de l'agriculture, samedi, sous les huées, les animaux du salon, eux, se retrouvent aux premières loges.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président de la République, Emmanuel Macron, avec Oreillette, la vache égérie du Salon de l'agriculture 2024, le 24 février. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / MAXPPP)

Elle s'appelle Oreillette, mesure 1 mètre 56 et pèse 800 kilos. Oreillette, une belle vache normande tricolore de cinq ans d’âge, est la star du Salon de l’agriculture 2024. Comme ses prédécesseures Cerise, Idéale et Ovalie, elle a été soigneusement sélectionnée par un jury, choisie, parmi 190 000 autres vaches normandes, puisque c’était la race à l’honneur cette année, pour ses "belles lunettes" et ses "bonnes mamelles".

Cette année certains ont essayé de lui voler la vedette, les poulets ayant décidé de "prendre leur destin en aile" en lançant une pétition sur internet pour dire "stop au monopole des vaches égéries du salon". Ils réclament de pouvoir avoir, eux aussi, leur moment de gloire. Mais le sort des animaux du salon est-il si enviable ? Alors que les 4 000 animaux du salon sont déjà soumis chaque année à beaucoup de stress, le premier week-end de l'édition 2024 aura été pour eux aussi particulièrement chaotique. Des vaches, notamment, ont dû être évacuées de leur enclos tandis qu’elles se retrouvaient au cœur des affrontements entre CRS et agriculteurs.

Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs admis qu'Oreillette avait "bien du mérite", tandis que depuis son box de paille il lui caressait la tête, sous les huées et les noms d’oiseaux : "Barre-toi", "Fumier", "menteur". De mémoire de vache normande on n’avait jamais assisté à un tel chaos.

Un système agricole à bout de souffle

Et Oreillette n'est pas la plus à plaindre, une chèvre du salon s’étant retrouvée coincée dans une bagarre, sa propriétaire hurlant, impuissante : "Ma chèvre ! Il y a une chèvre là", comme le montre une vidéo du journaliste Rémy Buisine.

Il y a eu ensuite, tous ces journalistes venus très sérieusement demander à Oreillette son point de vue sur le tumulte, plantant sous son museau leurs micros, sous les flashs crépitants, tandis que d’autres responsables politiques venaient la caresser de leurs promesses. Les promesses d’un avenir meilleur pour ceux qui élèvent les animaux et qui s’insurgent contre les périodes de vache maigre, corollaire d'un système agricole à bout de souffle et dont le salon semble avoir perdu sa magie, au point qu'Oreillette se demande peut-être si elle est vraiment fière d'en être l'égérie. 

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